ACTUALITÉ
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Quelques commentaires, sérieux ou frivoles,
sur l'actualité européenne


La pègre européiste a les mêmes méthodes partout en Europe (février 2000)
On a parfois la tentation d'envier d'autres pays européens pour leurs européistes, que l'on croit moins malhonnêtes et bornés que les européistes français. C'est une erreur. Certes, les européistes étrangers épargnent à leurs concitoyens la blague de l'Europe qui sera une puissance politique rivale des États-Unis, mais c'est bien là la seule différence. Comme c'est le cas en France, les méthodes préférées de la pègre européiste sont le mensonge, le trucage, l'agitation de peurs, et l'intoxication.
Qu'on en juge par cette histoire édifiante, que relate, désolé, le Financial Times (19/02/00)
(Traduction sur notre site)
Britain in Europe est l'association presque officielle qui a la lourde tâche de convertir les Britanniques à l'euro. Œcuménique, elle est parrainée par du beau monde: Tony Blair, des patrons de haut vol, quelques gloires du parti conservateur (Kenneth Clarke, Michael Heseltine...) et, comme il se doit, la quasi-totalité du parti libéral démocrate.

Britain in Europe avait commandé à un institut indépendant réputé, le NIESR (National Institute for Economic and Social Research) une étude sur les conséquences économiques d'un éventuel départ de l'Angleterre de l'UE. Dans son esprit, les conclusions attendues de cette étude ne faisaient pas de doute: si la Grande-Bretagne, la malheureuse, quittait l'UE, c'en serait fait d'elle: son économie s'écroulerait, tous les emplois fondraient comme neige au soleil, l'inflation la ravagerait. À côté, le passage de la Luftwaffe sur Coventry aurait l'air d'un aimable pique-nique.
Catastrophe! Le rapport attendu devait être catastrophiste et outrancier, et le voilà honnête et nuancé! Les conséquences économiques prévues par le rapport sont en général négligeables, sauf les investissements étrangers dans l'industrie qui seraient en baisse sensible. (Le NIESR avait fait toutefois des efforts de présentation, pour plaire à ses commanditaires: il publie des chiffres cumulés sur vingt ans; un PNB inférieur de 1,5% en 20 ans à ce qu'il aurait été en cas de maintien dans l'UE, c'est plus chic quand on veut inquiéter qu'une baisse annuelle de près de 0,1% i.e de l'ordre de la marge d'erreur de ce type de prévision)
Britain in Europe a connaissance des résultats avant la publication, et immédiatement c'est la panique. Que faire? Laisser publier un rapport qui contredit l'idéologie européiste outrancière et catastrophiste de Britain in Europe? Impensable! Censurer un travail qu'on a soi-même commandé? C'est délicat. La presse eurosceptique finira bien par mettre la main dessus et en fera ses choux gras.
La fine équipe de Britain in Europe eut donc recours aux méthodes par lesquelles la pègre européiste excelle: l'intoxication et le trucage. Quelques jours avant la date prévue de publication, des membres de Britain in Europe distillèrent à la presse amie quelques statistiques truquées bien senties, qu'ils présentèrent comme des extraits du rapport de l'institut réputé. Comme il se doit, ses statistiques étaient dramatiques: il est suggéré que pas moins de 8 millions d'emplois seront détruits si l'Angleterre quitte l'UE.
Outré que l'on déforme ainsi son travail, le NIESR ne s'est pas laissé faire: il décida de publier avec quelques jours d'avance les grandes lignes de l'enquête et démentit ce chiffre de 8 millions d'emplois perdus qui n'apparaît nulle part. (Le rapport prévoit qu'un départ de l'UE aurait une incidence quasi nulle sur l'emploi en Grande-Bretagne) Son directeur, Martin Weale a résumé ainsi les conclusions de son étude:"La participation de la Grande-Bretagne à l'UE procure des bénéfices économiques, qui sont appréciables, et je ne saurais recommander de les abandonner. Cependant il est également vrai que le ciel ne nous tomberait pas sur la tête si nous quittions l'UE." 
Comment a réagi Britain in Europe, pris ainsi la main dans le sac? En bottant en touche: un de ses directeurs s'est réjoui que l'étude du NIESR établisse que 3,2 millions de Britanniques travaillent pour des exportations vers l'UE. Quel rapport? 3,2 millions d'emplois travaillant à l'exportation vers l'UE ne sont pas 3,2 millions d'emplois détruits en cas de retrait de la Grande Bretagne, et encore moins 8 millions. Britain in Europe ne l'a pas précisé. Depuis ce micro-événement révélateur des moeurs européistes, ils semblent se murer dans un silence plein de dignité...

*
Ce n'est pas en France que pareilles mésaventures arriveraient: ici, quand on veut commander un rapport sur mesure, à propos des retraites, de la démographie, ou d'autre chose, on sait à qui s'adresser. Il est curieux qu'en Angleterre, il n'y ait pas également de Lord Teulade ou de Sir Hervé Le Bras prêts à brader le peu de considération qu'il leur reste en signant contre quelques piécettes une enquête ridicule et servile.

Le ciment de l'Europe de l'Est et de l'Ouest (février 2000)
Alors que les négociations pour l'adhésion à l'UE de la deuxième vague des pays de l'Europe de l'Est vont commencer le 15 février 1999 à Bruxelles, qu'éprouvent les Européens de l'Est envers l'UE? Si la presse ne s'étend guère sur la question, il semble y avoir quelques raisons.
Lors de la célébration du 10è anniversaire de la chute du mur de Berlin, de nombreux commentateurs intrépides nous ont assuré que: "Dix ans après la chute du mur, la frontière entre l'Est et l'Ouest est toujours là. Dans les têtes." Après la disparition du communisme à l'Est, un "rideau de verre" aurait remplacé le "rideau de fer" (L'Express 4/11/99).
Si certaines mentalités héritées de la glaciation soviétique sont sans doute encore perceptibles à l'Est, en revanche, il semble que les Européens de l'Est aient très vite assimilé le seul véritable dénominateur commun aux peuples de l'Europe: le désintérêt pour l'Union européenne. Si le correspondant de Libération auprès de l'UE se croit autorisé à écrire "l'Union est victime de son succès: tout le continent veut rejoindre cet îlot de prospérité et de paix" (14/02/00), il feint d'ignorer que seuls les gouvernements des pays est-européens veulent adhérer à l'UE; les peuples, eux, sont beaucoup plus circonspects.

 

L'Europe de l'Est eurosceptique Ainsi, Vaclav Havel, le président tchèque, doit-il périodiquement quitter son lit de souffrances pour exhorter ses très nombreux compatriotes eurosceptiques à de meilleurs sentiments envers l'UE. À Varsovie comme à Vilnius, l'UE n'enthousiasme guère plus qu'à Prague, se désole l'européiste Financial Times (10/01/00) "Au milieu des grandes célébrations du 10è anniversaire de la chute du mur de Berlin et de la révolution de velours tchèque, des voix exprimant la déception, la désillusion et même de l'anxiété se sont élevées d'Europe centrale et orientale. Ce choeur va probablement s'amplifier cette année, quand les véritables négociations pour l'entrée dans l'Union européenne commenceront. (...) Le soutien populaire à l'Union européenne diminue actuellement, même dans les pays dont les politiciens sont les plus partisans de l'adhésion. Jacek Kucharczy, un politologue polonais déclare que ses études font apparaître que le soutien de la population est tombé sous les 50%, pour la première fois depuis le début des années 90. Un sondage du mois dernier a montré un soutien de quelque 30% en Lituanie." 
Les gouvernements et les prétendues élites farouchement européistes, les peuples indifférents ou hostiles, y-a-t-il vraiment un «rideau de verre» séparant l'Est et l'Ouest?

 

L'Europe de l'Ouest de plus en plus eurosceptique  Depuis 1973, la commission européenne réalise deux fois par an un sondage auprès des ressortissants de l'UE, l'Eurobaromètre. Pour la première fois depuis la création de cet instrument, ceux qui répondent OUI à la question "la participation de votre pays à l'UE est-elle une bonne chose" ne sont plus majoritaires. Ils ne sont plus que 49% au printemps 99, alors qu'ils étaient 54% six mois plus tôt. Plus réjouissant encore, les Français, qui se caractérisaient autrefois par une europhilie nettement supérieure à la moyenne européenne, semblent désormais plus lucides: ils ne sont plus que 47% à s'imaginer que la participation à l'UE puisse être bénéfique pour la France, alors qu'ils étaient 61% à partager cette illusion en 1973.
Comme cela était prévisible, la presse ne s'est guère étendue sur le sujet.

Question:«La participation de votre pays à l'UE est-elle, 
selon vous, une bonne chose?» 
Réponses OUI
 printemps 
99
 automne
98
 automne
73
France
47%
52%
61%
 Union européenne
49%
54%
56%
 
 Source: Eurobaromètre 50 et 51 à consulter sur 
le site de la DGX de la comm' (http://europa.eu.int/comm/dg10/epo/eb/eb_fr.html)
Voir les résultats pour chaque pays

Si l'engouement pour l'Union européenne a beaucoup décru en Europe de l'Est, cela semble également le cas à l'Ouest, confirmant que le seul véritable ciment de l'unité européenne semble être... l'euroscepticisme.

 

Raisons de l'euroscepticisme de l'Est
Si on connaît bien les raisons du désintérêt à l'Ouest (même les européistes admettent que l'UE doit être «plus-proche-du-citoyen» et apparaître moins technocratique), quelles peuvent être les raisons de ce qu'il faut bien appeler l'euroscepticisme de l'Europe de l'Est? Pourquoi les Européens de l'Est semblent-ils éprouver les désillusions du mariage avant même que les faire-part ne soient imprimés? Dès lors que la presse s'est bien gardée de se pencher sur un phénomène qu'elle préfère ignorer, nous nous bornerons à émettre quelques hypothèses:
Refus de l'abandon de souveraineté? 
Si l'Union européenne a longtemps reposé sur l'imposture de la souveraineté partagée, depuis quelques temps, la marche forcée vers le fédéralisme et la souveraineté abandonnée ne se cache même plus: l'affaire Haider a souligné "que les abandons de souveraineté que suppose la construction européenne iront croissant et n'épargneront aucun domaine, y compris le plus sensible, le politique."  écrivait Libération (5/2/00). "L'Europe vient de définir, [à propos de l'Autriche] à chaud et dans l'urgence, ce que les textes n'ont pas encore codifié: un nouvel abandon de souveraineté - et le plus sensible de tous, celui de la représentation politique." confirme L'Express (10/02/00). Comment s'étonner dans ces conditions que les Européens de l'Est, après 50 ans de souveraineté abandonnée à l'Union soviétique, acceptent de bon coeur de l'abandonner à nouveau à l'Union européenne; une Union qui a certes des atours démocratiques, mais qui n'en limite pas moins le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qu'ils ont reconquis depuis à peine 10 ans.

L'avenir de l'Europe de l'Est: D'une idéologie internationaliste et barbare 
à une idéologie internationaliste à la barbarie plus «soft»?

Moscou 1950

Helsinki 1999
 

Les devoirs sans les droits
Des interminables négociations qui précèdent l'adhésion de l'Europe de l'Est à l'UE, il semble acquis que les nouveaux entrants auront évidemment les contraintes (perte de souveraineté, transcrire dans leur législation les 80.000 pages de «l'acquis communautaire»...) mais n'auront pas tous les droits dont jouissent les anciens membres. Ainsi, sous la pression de leur électorat, l'Allemagne et l'Autriche ne cachent plus que l'entrée de la Pologne ou de la Hongrie, ne saurait s'accompagner immédiatement de la liberté de circulation et d'établissement des Polonais et des Hongrois dans le reste de l'UE. Si bien que des ressortissants de pays européens non membres de l'UE (la Suisse, la Norvège) auront des droits que les nouveaux membres de l'UE n'auront pas. Pour ne pas déséquilibrer le budget européen, la Politique Agricole Commune -la moitié du budget- pourrait ne pas s'appliquer intégralement aux nouveaux venus: "L'UE a indiqué aux pays candidats que les subventions directes ne seraient probablement pas versées à leurs agriculteurs, au moins pour quelques années après leur entrée dans l'UE; ce qui a causé une profonde amertume dans les pays candidats." (Financial Times 9/2/00). Pour couronner le tout, les Quinze travaillent actuellement à modifier les droits de vote de chaque pays. Par souci démocratique et d'efficacité, à ce qu'il paraît. Mais aussi parce que "les grands États veulent que l'on rééquilibre l'ensemble, afin de leur donner plus de poids. La réforme est d'autant plus urgente que les futurs adhérents, hormis la Pologne, qui a la même taille que l'Espagne, sont tous des petits Etats." (Libération 15/02/00): un des enjeux des réformes institutionnelles est aussi de limiter le poids des petits pays de l'Est.

 

On leur fait la gueule, on planque l'argenterie au moment où ils entrent, on leur sert des plats différents, on s'évertue à ce qu'ils ne prennent pas part aux conversations, et -ô surprise- les Européens de l'Est boudent le festin européen! Ces gens-là sont d'une susceptibilité!


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