ACTUALITÉ
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Quelques commentaires, sérieux ou frivoles,
sur l'actualité européenne


Les promoteurs de l'amitié franco-allemande récompensés (février 2000)
On apprend, par le bulletin par e-mail de l'ambassade allemande à Paris, qu'un prix "de plus de 45.000_€"  va récompenser le journaliste dont le travail aura permis "une meilleure compréhension mutuelle de la vie politique, économique, culturelle et sociale dans les deux pays".

Ambassade d'Allemagne à Paris
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Extrait du bulletin d'information par e-mail de l'ambassade allemande à Paris (08 février 2000)

CULTURE/FRANCE/ALLEMAGNE
Le concours du Prix Franco-Allemand du Journalisme 2000 est ouvert jusqu’au 31 mars.

Le concours au Prix Franco-Allemand du Journalisme 2000 est ouvert jusqu’au 31 mars 2000, tous les reportages télévisuels et radiophoniques ainsi que les articles de presse produits ou diffusés entre le 1er avril 1999 et le 31 mars 2000 peuvent être présentés. 

Les dossiers de participation doivent être demandés à l’une des organisations suivantes:
* Saarländischer Rundfunk, Funkhaus Halberg, D 66100 Saarbrücken 
* France 2, 7, Esplanade Henri de France, 75907 Paris cedex 15
* Radio France, 116, avenue du Président Kennedy, 75786 Paris cedex 16
* Radio France Internationale, 116, avenue du Président Kennedy, 75016 Paris.

Doté de plus de 45.000 euros, le Prix récompense toutes les productions dans les catégories télévion, radio et presse écrite, qui permettent une meilleure compréhension mutuelle de la vie politique, économique, culturelle et sociale dans les deux pays.

 

Hélas, les contributions sur internet ne seront pas prises en considération, si bien que ce site, pourtant attaché passionnément à la compréhension de l'Allemagne, ne sera pas récompensé.
Nous n'avons pas la prétention de nous substituer aux hautes personnalités qui décerneront le prix; qu'il nous soit toutefois permis d'attirer l'attention du jury sur des journalistes méritants, dont toute l'œuvre est un hymne d'amour à l'Allemagne.

Daniel VERNETLe premier de cette avant-garde est Daniel Vernet. Cet homme, qui fait honneur à la profession, a été correspondant du Monde à Bonn, à Moscou. Dans les années 80, il a caressé l'espoir de diriger le prestigieux quotidien. Las! Ses attentes, qui, si elles avaient été couronnées de succès, auraient fait du Monde une gazette encore plus résolument pro-allemande, demeurèrent infructeuses. Depuis, il trompe l'ennui et attend sa retraite, oublié de tous, dans un placard de la rue Claude Bernard, consolé seulement de l'ingratitude des hommes par son titre ronflant de directeur des relations internationales. Parfois, un rotativiste compatissant profite de l'inattention de la direction pour glisser subrepticement dans le journal un papier de notre ami, où impertubable, il exalte l'amour de sa vie: l'Allemagne. Qui, sinon lui, merite le prix franco-allemand du journalisme?
La Lorraine allemande En ces temps de parité, évoquons le cas de Mme Lorraine Millot, correspondante de Libération à Berlin. S'estimerait elle offensée qu'on la présente comme une lointaine héritière de Madame de Staël? Peut-être, car rien dans son style ne peut rappeler la langue du XVIIIè siècle. En revanche la passion qu'elle met à décrire l'Allemagne comme un pays profondément pacifique et romantique l'en rapproche à grands pas. Enfin, en la personne de Daniel Cohn-Bendit, elle a trouvé son Benjamin Constant. À l'Allemand le plus doué de sa génération, Lorraine Millot a consacré un petit livre enamouré (aux éditions Milan) qui devrait lui valoir bien des indulgences. Mais ce n'est pas à ce titre que Mme Millot mériterait le prix franco-allemand, car il est question de récompenser du journalisme et non de la littérature. Le 3 août 1999, elle a publié une tribune dans Libération, où, dans le style alerte qui lui est coutumier, elle fustige ce mal français jamais expié: la germanophobie. Sur quelque 50.000 nouveautés qui sortent chaque année en France, pas moins de trois livres hostiles à l'Allemagne ont paru en 1999! On mesure l'ampleur du mal! Et y avait-il nécessité plus urgente que de ridiculiser les 3 auteurs impertinents, Yvonne Bollmann, Alain Griotteray et Philippe Delmas? N'écoutant que son devoir, Lorraine Millot a donc pris la plume pour dénoncer les germanophobes attardés dont "les maigres subtilités de l'analyse font fi des évolutions historiques en cours" et pour qui, et c'est là le plus grave, "l'Union européenne n'apparaît pas comme un bien en soi". (Commentaire de l'article de Lorraine Millot)
Insinuer que l'Allemagne est menaçante! C'est absurde. La redoutable Autriche, maintenant haiderisée, est menaçante. De même que sont menaçants l'impérialisme luxembourgeois et l'irrédentisme danois. Mais l'Allemagne, non. Les irresponsables qui le prétendent mettent l'Europe en danger.
Quelques semaines après cet éblouissant article, le chancelier Schröder s'est fait l'écho des alarmes de Lorraine Millot et "s'est inquiété des «livres effrayants publiés en France», à propos d'une Allemagne qui serait dangereuse." (Le Monde 24/09/99) C'est ce qui nous amène à suggérer le nom de Lorraine Millot pour le prix franco-allemand de journalisme 2000. Le rôle d'un correspondant à Berlin n'est-il pas de partager et de retranscrire le plus fidèlement possible l'opinion et les inquiétudes du chancelier? En s'acquittant de cette tâche avec enthousiasme, Lorraine Millot a bien mérité de l'Allemagne et, ainsi que le réglement du concours le stipule, elle accomplit une œuvre qui permet "une meilleure compréhension mutuelle de la vie politique, économique, culturelle et sociale dans les deux pays".

*

Daniel Vernet et Lorraine Millot, malgré leurs mérites, ne sauraient toutefois être les seuls lauréats possibles, tant la presse française regorge de plumes aussi germanophiles que talentueuses. En outre, le concours n'est pas réservé aux seuls Français: les journalistes allemands peuvent également présenter leur dossier.
Trouve-t-on Outre-Rhin autant de journalismes aussi bien disposés envers la France? Si l'on en croit l'historien Emmanuel Le Roy Ladurie (qui n'est en rien un eurosceptique, mais un des rares partisans réfléchis de l'Europe), le journaliste francophile n'est pas l'espèce la plus répandue en Allemagne. Dans Passage (n°100, reproduit dans Le Monde 4/1/00) il écrit: «Un écran m'a permis d'attraper une quinzaine de chaînes de télé en langue allemande. J'y découvre quelques rengaines antifrançaises. Il est question par exemple de la "grande nation"», l'expression ironique et méprisante utilisée en Allemagne pour désigner la France.
Le Roy Ladurie a dû mal comprendre, quinze chaînes de télé allemandes ne peuvent se complaire dans des rengaines antifrançaises. S'il a entendu des critiques contre la France, ces critiques étaient probablement méritées. Car il est impensable que la "compréhension mutuelle" que le prix entend récompenser ne soit pas aussi vivace à Berlin qu'à Paris...

Jours heureux à la Banque Centrale Européenne (février 2000)
Et dire que certains osent affirmer que la Banque Centrale Européenne (BCE) se soucie comme d'une guigne de la situation de l'emploi en Europe, qu'elle est technocratique, que c'est une métastase allemande et que, à l'instar des autres institutions européennes, sa gestion est opaque. Le Monde (5/2/00) vient apporter un démenti à ces calomnies eurosceptiques, dans un article relatant les jours heureux de la "jeune banque centrale".


Logo de la BCE

La BCE crée des emplois. On apprend ainsi que "pour muscler ses services, l'institut d'émission va recruter, en 2000, plus de 250 salariés. Soit une hausse de 30% de ses effectifs, qui devraient alors dépasser légèrement les 1000 personnes." Pourquoi la BCE embauche-t-elle, s'interrogeront les eurosceptiques? La BCE doit-elle faire face à une série de suicides ou de démissions de son personnel à la suite de la débâcle de l'euro?

 

Bien sûr que non, puisqu'il s'agit de créations d'emploi et non pas de remplacement de postes vacants! La BCE embauche parce que, comme les autres start-up, son activité est en expansion, voilà tout. Tous les champs d'activités sont concernés par ces embauches: juristes, économistes, statisticiens, etc. Et si l'on en croit le site de la BCE, celle-ci recherche également des stagiaires. Imagine-t-on référence plus prestigieuse sur un CV, que celle d'un stage à la BCE? D'autant que son président, Wim Duisemberg, est un homme honorablement connu qui n'attend vraisemblablement pas de ses stagiaires les mêmes prestations qu'à la Maison Blanche.
La BCE n'est pas bureaucratique Par ailleurs il est confirmé, que contrairement à l'odieuse calomnie eurosceptique, les institutions européennes ne sont pas des monstres bureaucratiques: "Même après cette vague de recrutement, ses effectifs [ceux de la BCE] resteront néanmoins modestes, comparés aux quelque 16.000 employés de la Bundesbank". Quel revers pour les eurosceptiques! La BCE est 16 fois moins grasse que la Bundesbank. Les monstres bureaucratiques sont les institutions nationales, pas les institutions européennes! Mauvais perdants, les eurosceptiques rétorqueront que ces 1000 employés à la BCE sont toujours 1000 de trop, surtout pour le travail qu'ils exercent: pour retranscrire les décisions de la Bundesbank, 2 personnes, une standardiste et une dactylo suffiraient amplement. Que voulez-vous répondre à cette débauche de mauvaise foi?
Un brassage harmonieux d'Européens Comme il se doit, la composition du personnel de la BCE est un reflet fidèle de la population de l'UE. Très fidèle? Oui, enfin... assez fidèle: "aucun quota de nationalités n'est fixé, mais les dirigeants de la BCE essaient de respecter les grands équilibres démographiques continentaux, au moins pour les postes de cadres. Près de 80 Français sont actuellement salariés de la BCE." Quatre-vingts Français à la BCE! N'est-ce pas trop? Cette foule de Français doit, comme de coutume, se comporter comme en pays conquis! Bien sûr les eurosceptiques ont immédiatement sorti leur calculette et ont remarqué que sur 750 employés actuels, les 80 Français représentent 11% du personnel, alors que la France détient 16,87% du capital de la BCE. Ces calculs sont d'une mesquinerie à l'heure de l'Europe! Et cette sous-représentation de la France (et de l'Italie, de l'Espagne ou du Portugal) n'est bien évidemment pas due à une quelconque discrimination contre les Latins: on sait que de tels comportements discriminatoires sont inconcevables en terre germanique. Si, comme le relève Le Monde, "dans l'ensemble les Allemands sont légèrement sur-représentés",  ceci s'explique parfaitement: premièrement, "nombre d'emplois non-cadre (gardiens, coursiers) sont pourvus localement", deuxièmement les candidatures émanant de pays latins sont peu nombreuses, car les Espagnols et les Français sont "peu attirés par Francfort", alors que la BCE  intéresse davantage "les Finlandais, qui ont le sentiment de descendre dans le Sud." Pour un Finlandais, Francfort, c'est déjà les tropiques, en quelque sorte. Ainsi, si les Allemands sont si nombreux, c'est parce qu'ils acceptent les boulots dont les Français et les autres Latins ne veulent pas. Quant à ces derniers, s'ils veulent être mieux représentés à la BCE, ils n'ont qu'à surmonter leurs préjugés stupides contre Francfort, qui est une ville superbe. (À cet effet, nous reproduisons un extrait du guide touristique montrant les trois principales attractions touristiques et culturelles de la ville de Francfort.)

Francfort: haut lieu de tourisme et de culture
Le sympathique Dany
 
 

Des tensions sociales? Toutefois, quelques nuages viennent assombrir ce paysage idyllique qu'est la vie à la BCE: "Après près de deux ans de travail acharné, pour jeter les bases de l'euro, une certaine mauvaise humeur semble poindre chez quelques salariés: «les gens en ont marre de faire des heures supplémentaires» indique un représentant du personnel, «les conditions de recrutement et de promotion ne sont pas transparentes», dit-il en regrettant le mauvais fonctionnement du Staff Commitee, le comité d'entreprise destiné au dialogue au sein de la maison." Bien sûr, les aigris ricaneront, ils ne savent faire que cela, et diront que c'était bien la peine d'avoir installé la BCE en Allemagne, la terre promise de la co-gestion employeurs-salariés, et à Francfort même, le lieu saint du prétendu modèle social rhénan, pour se retrouver avec des sordides histoires d'heures sup', comme celles que rencontrent les caissières-stakhanovistes de chez Shopi... C'est facile. Et c'est méconnaître le fait que la BCE est certes une banque centrale, mais surtout une usine à rêve, qui n'est pas soumise aux mêmes conditions de travail que les autres entreprises. Les autres marchands de bonheur (Disneyland, le Club Med...) ne rencontrent-ils pas, eux aussi, des problèmes avec leurs cast members et leurs GO?
Pas de fraude à la BCE Enfin, Le Monde aborde avec la circonspection qu'on lui connaît le délicat problème du contrôle anti-fraude. "Autre chantier, soulevé récemment par la Commission européenne, le contrôle anti-fraude. Bruxelles a porté plainte, le 12 janvier, auprès de la Cour européenne de justice contre les procédures choisies par la BCE. Arguant de son indépendance, cette dernière s'est refusée à reconnaître les règles de l'Office de lutte anti-fraude (OLAF) prévalant pour les institutions européennes. En octobre dernier, la BCE avait nommé un comité de trois experts indépendants chargés de prévenir toute fraude interne. Une pratique contestée par la Commission européenne, qui se veut très pointilleuse sur ce genre de dossier après les scandales qui ont fait chuter la comission Santer." Comment réagir, sinon avec tristesse, en voyant la commission et la BCE se quereller pour des broutilles, alors qu'elles devraient faire front commun contre l'hydre eurosceptique. Et on imagine l'embarras de la cour de Luxembourg, sommée de trancher entre la BCE et la commission, elle qui ne connaît d'ordinaire que les litiges entre les États et la commission. Elle devra pour cette pénible affaire écouter les arguments des deux parties, et pas seulement ceux de la commission, comme elle le fait habituellement. Plutôt que de faire le jeu des eurosceptiques, qui vont s'asseoir au bord du ring et compter les points avec satisfaction à chaque coup que se porteront la BCE et la commission, n'était-il pas possible de régler cette affaire discrètement, entre gentlemen, comme on sait le faire à Bruxelles?
Ces regrets ne sauraient toutefois pas amoindrir la gratitude que tous les Européens responsables doivent porter à la BCE pour cette fantastique réussite qu'est l'avènement de l'euro.


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