L'Europe,
c'est la |
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C'EST FAUX! |
LA
SOUVERAINETÉ PARTAGÉE EST UNE ABSURDITÉ:
La souveraineté
ne se partage pas.
Elle est maintenue
ou abandonnée.
Les européistes répètent
sans se lasser que la disparition du franc et la détermination des
taux d'intérêt par un aréopage de banquiers n'est pas
un abandon de souveraineté mais l'instauration d'une nouveau type
de souveraineté, la souveraineté partagée.
On entend aussi parfois
que la construction européenne est une entreprise originale, sans
précédent dans l'histoire, qui ne cherche pas à aboutir
aux différents systèmes existants (fédéralismes
américain, helvétique ou allemand). On entend également
des slogans creux du genre "une Europe forte pour une France forte", "une
fédération d'États-nations". Ces sornettes rappellent
les débats de la IVè République finissante, quand
le milieu MRP-SFIO (l'UDF et le PS de l'époque) au pouvoir cherchait
en vain un statut pour l'Algérie: on parlait alors "d'indépendance
dans l'interdépendance". On sait quel sort fut donnée à
cette idée fumeuse...
La France a toujours été
une terre accueillante pour les idées creuses, surtout depuis les
années 50. Son milieu médiatico-politique, par crainte d'avoir
un train de retard et par souci d'épouser les idées à
la mode, a toujours fêté ceux qui profèrent ces idées
là, souveraineté partagée, fédéralisme
qui ne détruirait pas les nations, indépendance dans l'interdépendance,
etc... Ceux qui les combattent en montrant qu'elles sont intrinsèquement
absurdes, sont immédiatement accusés de passéisme,
d'avoir peur du changement etc.
1. Ces idées fumeuses
ne sont pas nouvelles, elles remontent à 1940.
2. Ces idées sont
une absurdité. Il n'existe pas de souveraineté partagée.
L'argumentation n'est pas nouvelle: déjà dans les années 40, les partisans de l'Europe allemande et notamment Benoît-Meschin, avait déjà inventé cette nouvelle notion de souveraineté partagée pour construire une Europe forte, capable de s'opposer au bolchevisme, présenté alors comme une ambition russe donc asiatique (sic!) et au libéralisme anglo-saxon, présenté alors comme l'instrument du judaïsme. On se reportera, pour se faire une idée, au texte de l'écrivain collaborationniste Drieu la Rochelle, médiocre prosateur mais excellent nazi, appelant à la construction européenne sur la ruine des nations. (in Europe? Europe! Collection Omnibus)La souveraineté partagée: une vieille histoire nauséabonde
Il n'y a que les politiciens qui osent évoquer cette absurdité de la souveraineté partagée. Pourquoi se gêneraient-ils, aucun bavard des médias ne les contredira. Le patron de la Banque centrale européenne, Win Duisenberg, est lui beaucoup plus sincère. Il est vrai que, n'étant responsable devant personne, il peut dire le fond de sa pensée sans crainte d'être sanctionné plus tard par des électeurs, ces gêneurs qui ne comprennent jamais rien.souveraineté partagée = souveraineté abandonnée à l'Allemagne
Abandon ou formidable
conquête?
L'Allemagne
aurait donc accepté d'être représentée comme
la France, pourtant 40% moins puissante? On est confondu d'émotion
devant tant d'altruisme de la part de l'Allemagne! Accepter, sans que rien
ne l'y contraigne, de n'être plus le gérant exclusif de ce
qu'elle a de plus cher, son deutsch mark; partager avec des pays qu'elle
méprise son joyau chéri; n'être que le 1/11ème
d'une assemblée de gouverneurs égaux. Tant de générosité
et d'abnégation méritent un coup de chapeau!
À moins qu'à
l'intérieur de l'«Euroland», les 11 partenaires soient
tous égaux, mais que certains sont plus égaux que d'autres...
Car qui accepterait de limiter
soi-même sa puissance, qui demanderait volontairement à être
mis en liberté surveillée? Personne! Aucun pays au monde!
Et certainement pas l'Allemagne... Si l'Allemagne a accepté d'être
représentée à la Banque centrale européenne
par le même nombre de directeurs que la France (deux) c'est qu'elle
sait qu'elle peut compter sur les pays de la zone d'influence germanique
(Pays-Bas, Flandre, Scandinavie, Autriche, et prochainement sa Mitteleuropa,
un lebensraum virtuel reconstitué en quelque sorte...)
qui votent presque tout le temps comme elle, et qu'elle peut ajouter à
ses droits de vote ceux des pays pauvres du sud de l'Europe qui dépendent
de l'argent européen pour obtenir les fonds structurels, indispensables
pour combler leur retard de développement.
Si l'Allemagne tient vraiment
à ne pas tirer parti de sa puissance et n'être qu'un pays
parmi les quinze, pourquoi cherche-t-elle incessamment à obtenir
de la France l'abandon de la loi de l'unanimité à Bruxelles
au profit de la majorité qualifiée où elle dispose
des soutiens de sa clientèle.
Le
mythe du fardeau européen de l'Allemagne
Quand ils sont dans l'opposition,
les politiciens allemands, qu'ils soient de la SPD ou de la CDU-CSU, se
relaient pour exiger une baisse de la contribution nette de l'Allemagne,
qui finance presque la moitié du budget de l'Union européenne.
Ainsi, actuellement c'est au tour de la CDU-CSU d'entonner la rituelle
ritournelle sur le fardeau.
Pourtant quand ils sont
au pouvoir, ces mêmes partis ne défendent cette exigence que
très mollement. Ainsi au sommet de Berlin en mars 99, Schröder
n'a obtenu qu'un rabais dérisoire alors qu'il disait s'être
fixé une baisse de plusieurs milliards de marks. Pourquoi tant de
faiblesse, alors que le gouvernement allemand a autant de mal que les autres
à boucler son budget?
Parce qu'ainsi, en étant
la source majeure du budget de l'Union européenne, elle en est la
principale initiatrice et peut réclamer, à bon droit dit-elle,
les principaux postes de la commission.
Si la contribution au budget
était plus équitable, c'est-à-dire plus conforme à
la puissance de chacun, la France et l'Angleterre payeraient beaucoup plus
mais obtiendraient en même temps une plus grande influence sur l'utilisation
des subsides européens. Les pays pauvres du sud et, bientôt,
de l'est devraient alors tenir compte des avis et des intérêts
français et britanniques. Dans la situation actuelle, ces pays se
contentent de se faire bien voir de l'Allemagne et comment être mieux
apprécié d'elle que voter comme elle?
L'Allemagne a toujours obtenu
ce qu'elle souhaitait quand les enjeux étaient importants: le traité
de Maëstricht stipulait que la monnaie unique s'appellerait l'écu;
cela déplaisait aux Allemands, la monnaie s'est donc appelée
l'euro. À l'automne 1993, l'Allemagne s'est démenée
pour obtenir le siège de la Banque centrale à Francfort,
elle l'a eu. En janvier 1992 elle voulait que l'Europe reconnaisse la Croatie
et la Slovénie, au mépris des risques pour la stabilité
de la région; malgré les réticences franco-britanniques,
elle l'a eu. Pourquoi n'obtient-elle pas l'allégement de sa contribution?
Parce qu'elle ne le veut pas. En résumé, l'Union européenne,
pour l'Allemagne, c'est cher mais ça vaut le coup. Elle obtient
ainsi avec quelques milliards de mark ce que ses panzerdivisionen
ne lui ont pas donné: le contrôle effectif de l'Europe.
La
fédéralisation progressive
Au fur et à mesure
que se réalisera la fédéralisation de l'Europe, la
plupart des questions importantes se décideront à la majorité
qualifiée. C'est déjà le cas pour la politique agricole
commune, l'environnement et quelques autres domaines. Ce sera le cas dans
cinq ans pour les abandons de compétence consentis par le traité
d'Amsterdam. Ce sera sans doute le cas bientôt pour la diplomatie
et la défense.
Dans tous ces domaines cruciaux,
l'Allemagne pourra appliquer sa diplomatie du carnet de chèques
pour le vote des pays pauvres, en toute discrétion puisque officiellement
c'est le budget européen que l'Allemagne alimente et non pas des
pays déshérités qu'elle achète. Elle aura en
permanence la majorité qualifiée et imposera à l'Europe
la défense de ses intérêts.
Et l'intérêt
de la France dans cette belle construction? Il sera défendu théoriquement
par les quelque 10% de voix dont la France disposera au Conseil européen
et au "parlement" européen. Mais qui se soucie de cet archaïsme
franchouillard qu'est l'intérêt de la France, sinon quelques
eurosceptiques aigris...
La souveraineté partagée est une notion fictive que les
européistes et les Allemands ont inventée pour dissimuler
que, derrière une décision collégiale de façade,
ce sont toujours les intérêts allemands qui sont et seront
défendus.
La souveraineté partagée n'est que le nom poli pour définir la souveraineté abandonnée. |
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