I.EMPLOI,
RÉFORME ÉCONOMIQUE ET COHÉSION SOCIALE
UN
OBJECTIF STRATÉGIQUE POUR LA DÉCENNIE À VENIR
Le
nouveau défi
1.L’Union
européenne se trouve face à un formidable bouleversement
induit par la mondialisation et par les défis inhérents à
une nouvelle économie fondée sur la connaissance. Ces changements
touchent tous les aspects de la vie de chacun et appellent une transformation
radicale de l’économie européenne. L’Union doit aborder ces
changements d'une manière conforme à ses valeurs et à
sa conception de la société et dans la perspective du prochain
élargissement.
3.Les
perspectives macroéconomiques qui s'offrent actuellement sont les
meilleures que l'Union ait connues depuis une génération.
Grâce à une politique monétaire axée sur la
stabilité et soutenue par des politiques budgétaires saines
dans un climat de modération salariale, l’inflation et les taux
d’intérêt sont peu élevés, les déficits
publics ont été réduits de façon remarquable
et la balance des paiements de l’UE est saine. L’introduction de l’euro
a été réussie et apporte les avantages qu’on en attendait
pour l’économie européenne. Le marché intérieur
est largement achevé et procure des avantages tangibles tant aux
consommateurs qu’aux entreprises. L'élargissement futur créera
de nouvelles possibilités de croissance et d'emploi. L’Union dispose
d’une main-d’œuvre en général bien formée ainsi que
de systèmes de protection sociale capables d’assurer, au-delà
de leur valeur intrinsèque, la stabilité indispensable à
la gestion des changements structurels dont s’accompagne la transition
vers une société de la connaissance. La croissance a repris,
de même que la création d'emplois.
Ligne
d'action
5.L’Union
s’est aujourd’hui fixé un nouvel
objectif stratégique pour la décennie à venir
: devenir l’économie
de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde,
capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une
amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus
grande cohésion sociale. La réalisation de cet objectif
nécessite une stratégie
globale visant à :
-préparer
la transition vers une société et une économie fondées
sur la connaissance, au moyen de politiques répondant mieux aux
besoins de la société de l’information et de la R&D,
ainsi que par l’accélération des réformes structurelles
pour renforcer la compétitivité et l’innovation et par l'achèvement
du marché intérieur ;
-moderniser
le modèle social européen en investissant dans les ressources
humaines et en luttant contre l’exclusion sociale ;
-entretenir
les conditions d’une évolution saine de l’économie et les
perspectives de croissance favorables en dosant judicieusement les politiques
macroéconomiques.
8.Le
passage à une économie numérique fondée sur
la connaissance, favorisé par l'existence de biens et de services
nouveaux, sera un puissant facteur de croissance, de compétitivité
et de création d’emplois. Il permettra en outre d'améliorer
la qualité de vie des citoyens et l'environnement. Pour en tirer
le meilleur parti, le Conseil et la Commission sont invités à
établir un Plan global d’action eEurope,
qui sera présenté au Conseil européen de juin, en
appliquant une méthode ouverte de coordination fondée sur
l'évaluation des performances des initiatives nationales et en s'appuyant
sur l’initiative eEurope
récemment présentée par la Commission et sur sa communication
intitulée "Stratégies pour l'emploi dans la société
de l'information".
9.Les
entreprises et les citoyens doivent avoir accès à une infrastructure
de communication peu coûteuse de niveau mondial et à un large
éventail de services. Chaque citoyen doit être doté
des compétences nécessaires pour vivre et travailler dans
cette nouvelle société de l’information. Différents
moyens d’accès doivent empêcher que des personnes soient exclues
de l’information. La lutte contre l'analphabétisme doit être
renforcée. Une attention particulière doit être accordée
aux personnes handicapées. Les technologies de l’information peuvent
servir à renouveler le développement urbain et régional
et à promouvoir des technologies écologiquement saines. Les
industries de contenu créent de la valeur ajoutée en tirant
parti de la diversité culturelle européenne et en l'organisant
en réseau. Les administrations publiques à tous les niveaux
doivent réellement s'efforcer de mettre à profit les nouvelles
technologies pour permettre un accès aussi large que possible aux
informations.
11.Le
Conseil européen invite en particulier :
-le
Conseil, le cas échéant en liaison avec le Parlement européen,
à adopter dès que possible dans le courant de l'année
2000 la législation en instance d'adoption sur le cadre juridique
du commerce électronique, le droit d’auteur et les droits voisins,
la monnaie électronique, la vente à distance de services
financiers, la compétence judiciaire et l’exécution des décisions
et le régime de contrôle des exportations de biens à
double usage ; la Commission et le Conseil à réfléchir
aux moyens de promouvoir la confiance des consommateurs dans le commerce
électronique, notamment par de nouveaux systèmes de règlement
des litiges ;
-le
Conseil et le Parlement européen à achever dès que
possible dans le courant de l'année 2001 les travaux relatifs aux
propositions législatives que la Commission a annoncées à
la suite de la révision du cadre réglementaire des télécommunications
en 1999 ; les États membres et, le cas échéant, la
Communauté à faire en sorte que les besoins en fréquences
pour les futurs systèmes de communications mobiles soient satisfaits
en temps voulu et de manière efficace. D'ici à la fin de
2001, les marchés des télécommunications doivent être
pleinement intégrés et libéralisés ;
-les
États membres à œuvrer avec la Commission en vue d'introduire
une concurrence accrue au niveau de l'accès local au réseau
avant la fin de l'an 2000 et de dégrouper les boucles locales de
manière à permettre une réduction substantielle des
coûts de l'utilisation de l'Internet ;
-les
États membres à assurer un accès généralisé
par voie électronique à tous les services publics de base
d'ici à 2003 ;
-la
Communauté et les États membres, avec l'aide de la BEI, à
équiper tous les pays européens de réseaux interconnectés
à haut débit et à faible coût pour l'accès
à l'Internet et à promouvoir le développement des
technologies de l'information et des réseaux de télécommunications
les plus modernes, ainsi que le contenu destiné à ces réseaux.
Des objectifs spécifiques doivent être définis dans
le plan d'action eEurope.
Créer
un espace européen de la recherche et de l'innovation
12.La
recherche et le développement jouant un rôle important dans
la croissance économique, la création d'emplois et la cohésion
sociale, l'Union doit s'employer à réaliser les objectifs
énoncés dans la communication de la Commission intitulée
"Vers un espace européen de la recherche". Les activités
de recherche au niveau national et au niveau de l'Union doivent être
mieux intégrées et coordonnées afin d'être aussi
efficaces et novatrices que possible pour que l'Europe offre des perspectives
attrayantes à ses meilleurs cerveaux. Il convient d'exploiter pleinement
les instruments prévus par le traité et tous les autres moyens
appropriés, y compris des accords volontaires, pour réaliser
cet objectif de manière souple, décentralisée et non
bureaucratique. Ce faisant, l'innovation et les idées doivent être
dûment récompensées dans la nouvelle économie
fondée sur la connaissance, en particulier au moyen d'une protection
par des brevets.
-établir
des mécanismes permettant de mettre en réseau les programmes
nationaux et communs de recherche, à titre volontaire et en fonction
d'objectifs librement choisis, de manière à mieux mettre
à profit les ressources consacrées aux actions concertées
de R&D dans les États membres, et assurer la présentation
de rapports périodiques au Conseil sur les résultats obtenus
; établir d'ici à 2001 une cartographie des centres d'excellence
pour la recherche et le développement dans tous les États
membres de manière à favoriser la diffusion de l'excellence
;
-rendre
l'environnement plus propice à l'investissement privé dans
la recherche, aux partenariats de R&D et aux jeunes sociétés
spécialisées dans la haute technologie, en recourant à
des mesures fiscales, au capital–risque et au soutien de la BEI ;
-encourager
l'élaboration d'une méthode ouverte de coordination destinée
à évaluer les performances des politiques nationales de recherche
et de développement et recenser, pour juin 2000, les indicateurs
permettant d'évaluer les performances dans différents domaines,
en particulier en ce qui concerne le développement des ressources
humaines ; mettre en place d'ici à juin 2001 un tableau de bord
européen en matière d'innovation ;
-favoriser
la création, pour la fin de 2001, avec le soutien de la BEI, d'un
réseau transeuropéen à très haut débit
pour les communications scientifiques sous forme électronique, qui
reliera les instituts de recherche et les universités, ainsi que
les bibliothèques scientifiques et les centres scientifiques et,
progressivement, les écoles ;
-prendre
des mesures pour éliminer, d'ici à 2002, les obstacles à
la mobilité des chercheurs en Europe et pour attirer et retenir
en Europe des chercheurs de haut niveau ;
-veiller
à ce qu'un brevet communautaire soit disponible d'ici à la
fin de 2001, ainsi qu'un modèle d'utilité, de manière
à ce que, dans l'Union, la protection par brevet à l'échelle
de la Communauté devienne aussi simple et aussi peu coûteuse
à obtenir et ait une portée aussi large que la protection
assurée par nos principaux concurrents.
Instaurer
un climat favorable à la création et au développement
d'entreprises novatrices, notamment de PME
15.Le
Conseil européen estime qu'il y a lieu d'appliquer dans ce domaine
une méthode ouverte de coordination et demande en conséquence
:
-au
Conseil et à la Commission de lancer, d'ici juin 2000, un exercice
d'évaluation sur des questions telles que la durée et les
coûts afférents à la constitution d'une société,
le montant du capital–risque investi, le nombre de diplômés
d'écoles de commerce ou d'instituts scientifiques et les possibilités
de formation. Les premiers résultats de cet exercice devraient être
présentés d'ici à décembre 2000 ;
-à
la Commission de présenter sous peu une communication sur une Europe
ouverte, novatrice et entrepreneuriale, ainsi que le programme pluriannuel
en faveur de l'entreprise et de l'esprit d'entreprise pour 2001-2005, qui
jouera un rôle important de catalyseur pour l'exercice en question
;
-au
Conseil et à la Commission d'élaborer une charte européennepour
les petites entreprises, qui serait approuvée en juin 2000 et par
laquelle les États membres s'engageraient à mettre l'accent,
dans les instruments susmentionnés, sur les petites entreprises,
en tant que premier moteur de création d'emplois en Europe, et à
répondre spécifiquement à leurs besoins ;
-au
Conseil et à la Commission de faire rapport, d'ici à la fin
de 2000, sur le réexamen des instruments financiers de la BEI et
du FEI qui a été entamé afin de réorienter
les financements vers un soutien au démarrage des entreprises, aux
sociétés à haute technologie et aux micro-entreprises,
ainsi qu'aux autres initiatives en matière de capital–risque proposées
par la BEI.
Des
réformes économiques pour achever et rendre pleinement opérationnel
le marché intérieur
17.Le
Conseil européen demande donc à la Commission, au Conseil
et aux États membres, eu égard à leurs compétences
respectives :
-de
définir d'ici à la fin de 2000 une stratégie pour
l'élimination des entraves aux services ;
-d'accélérer
la libéralisation dans des secteurs tels que le gaz, l'électricité,
les services postaux et les transports. De même, en ce qui concerne
l'utilisation et la gestion de l'espace aérien, le Conseil invite
la Commission à présenter ses propositions aussitôt
que possible. Il s'agit de réaliser un marché intérieur
pleinement opérationnel dans ces secteurs ; le Conseil européen
évaluera les progrès accomplis lorsqu'il se réunira
au printemps prochain, sur la base d'un rapport et de propositions appropriées
de la Commission ;
-d'achever
les travaux sur les futures propositions de modernisation des règles
relatives aux marchés publics, visant notamment à les rendre
accessibles aux PME, en temps utile pour que les nouvelles règles
puissent entrer en vigueur d'ici à 2002 ;
-de
prendre les mesures nécessaires pour que, d'ici à 2003, les
marchés publics, tant communautaires que nationaux, puissent être
passés en ligne ;
-de
définir, d'ici à 2001, une stratégie visant, par une
nouvelle action coordonnée, à simplifier l'environnement
réglementaire, y compris le fonctionnement de l'administration publique,
tant au niveau national qu'au niveau communautaire. Elle devrait comporter
un recensement des domaines où il est nécessaire que les
États membres rationalisent davantage la transposition de la législation
communautaire en droit national ;
-de
poursuivre leurs efforts visant à favoriser la concurrence et à
réduire le niveau général des aides d'État,
en mettant l'accent, non plus sur un soutien à des sociétés
ou à des secteurs individuels, mais plutôt sur la poursuite
d'objectifs horizontaux d'intérêt communautaire, tels que
l'emploi, le développement régional, l'environnement et la
formation ou la recherche.
19.Le
Conseil européen estime qu'il est essentiel, dans le cadre du marché
intérieur et d'une économie de la connaissance, de tenir
pleinement compte des dispositions du traité relatives aux services
d'intérêt économique général et aux entreprises
chargées de la gestion de ces services. Il invite la Commission
à mettre à jour sa communication de 1996, compte tenu des
dispositions du traité.
Des
marchés financiers efficaces et intégrés
20.Des
marchés financiers efficaces et transparents favorisent la croissance
et l'emploi en permettant une meilleure allocation des capitaux à
un moindre coût. Ils jouent donc un rôle essentiel dans la
mise en valeur des idées nouvelles et dans la promotion de la culture
d'entreprise ainsi que de l'accès aux nouvelles technologies et
de leur utilisation. Il est indispensable d'exploiter le potentiel de l'euro
pour intégrer davantage les marchés financiers de l'UE. Par
ailleurs, l'efficacité des marchés de capital-risque joue
un rôle majeur pour le développement de PME innovantes à
forte croissance, et pour la création d'emplois nouveaux et durables.
-définir
un calendrier rigoureux, de manière à ce que le plan d'action
pour les services financiers soit mis en œuvre d'ici à 2005, compte
tenu des mesures prioritaires telles que : favoriser l'accès le
plus large possible aux capitaux d'investissement à l'échelle
de l'UE, y compris pour les PME, au moyen d'un "passeport unique" pour
les émetteurs ; faciliter la participation constructive de tous
les investisseurs à un marché intégré ; en
supprimant les obstacles à l'investissement dans les fonds de pension
; encourager la poursuite de l'intégration et l'amélioration
du fonctionnement des marchés des obligations d'État par
une consultation et une transparence accrues en ce qui concerne les calendriers
d'émission des titres, les techniques et les instruments utilisés,
ainsi que l'amélioration du fonctionnement des marchés transfrontaliers
pour la vente et le rachat de titres (opérations de pensions) ;
améliorer la comparabilité des états financiers des
sociétés ; intensifier la coopération entre les organismes
de réglementation des marchés financiers de l'UE ;
-assurer,
d'ici à 2003, la pleine application du Plan d'action relatif au
capital-risque ;
-accomplir
des progrès rapides sur les propositions, existant de longue date,
relatives aux offres publiques d'achat et à l'assainissement et
à la liquidation des établissements de crédit et des
sociétés d'assurance, afin d'améliorer le fonctionnement
et la stabilité du marché financier européen ;
-régler,
eu égard aux conclusions du Conseil européen d'Helsinki,
le dossier, encore en suspens, du paquet fiscal.
Coordonner
les politiques macroéconomiques : assainissement, qualité
et viabilité des finances publiques
22.Les
politiques macroéconomiques devraient non seulement préserver
la stabilité macroéconomique et encourager la croissance
et l'emploi mais aussi favoriser la transition vers une économie
de la connaissance, d'où un rôle plus important pour les politiques
structurelles. Le dialogue macroéconomique prévu par le processus
de Cologne doit instaurer une relation de confiance entre tous les acteurs
concernés afin que chacun d'eux comprenne correctement les positions
et les problèmes des autres. Il y a lieu de saisir la chance qu'offre
la croissance pour s'employer davantage à assainir les finances
publiques et pour en améliorer la qualité et la viabilité.
23.Le
Conseil européen invite le Conseil et la Commission à présenter
d'ici au printemps 2001, en utilisant les procédures existantes,
un rapport évaluant la contribution des finances publiques à
la croissance et à l'emploi et examinant, sur la base de données
et d'indicateurs comparables, si des mesures concrètes appropriées
sont prises pour :
-réduire
la pression fiscale qui pèse sur le travail, notamment sur le travail
peu qualifié et faiblement rémunéré, améliorer
les effets d'incitation en faveur de l'emploi et de la formation des régimes
d'imposition et d'allocations ;
-réorienter
les dépenses publiques de manière à accroître
l'importance relative de l'accumulation de capital - tant humain que physique
- et appuyer la recherche et le développement, l'innovation et les
technologies de l'information ;
-assurer
la viabilité à long terme des finances publiques en examinant
les différents aspects de la question, y compris l'impact du vieillissement
des populations, à la lumière du rapport devant être
établi par le Groupe à haut niveau sur la protection sociale.
MODERNISER
LE MODÈLE SOCIAL EUROPÉEN EN INVESTISSANT DANS LES RESSOURCES
HUMAINES ET EN CRÉANT UN ÉTAT SOCIAL ACTIF
24.Les
ressources humaines sont le principal atout de l'Europe et devraient être
au centre des politiques de l'Union. L'investissement dans les ressources
humaines et la mise en place d'un État social actif et dynamique
revêtiront une importance capitale tant pour la place de l'Europe
dans l'économie de la connaissance que pour faire en sorte que l'émergence
de cette nouvelle économie n'ait pas pour effet d'aggraver les problèmes
sociaux actuels que sont le chômage, l'exclusion sociale et la pauvreté.
L'éducation
et la formation à la vie et à l'emploi dans la société
de la connaissance
25.Les
systèmes européens d'éducation et de formation doivent
s'adapter tant aux besoins de la société de la connaissance
qu'à la nécessité de relever le niveau d'emploi et
d'en améliorer la qualité. Ils devront offrir des possibilités
d'étude et de formation conçues en fonction de groupes cibles
et des différentes étapes de la vie : les jeunes, les adultes
sans emploi et les travailleurs dont les compétences risquent d'être
dépassées en raison de la rapidité des changements.
Cette nouvelle approche devrait comporter trois axes principaux : créer
des centres locaux d'acquisition des connaissances, promouvoir de nouvelles
compétences de base, notamment dans les technologies de l'information,
et améliorer la transparence des qualifications.
26.Le
Conseil européen invite par conséquent les États membres,
dans le respect de leurs règles constitutionnelles, le Conseil et
la Commission à prendre les mesures relevant de leurs compétences
qui sont nécessaires pour atteindre les objectifs suivants :
-accroître
chaque année substantiellement l'investissement par habitant dans
les ressources humaines ;
-réduire
de moitié, d'ici à 2010, le nombre des personnes de 18 à
24 ans n'ayant accompli que le premier cycle de l'enseignement secondaire
et qui ne poursuivent pas leurs études ou leur formation ;
-faire
en sorte que les écoles et les centres de formation, disposant tous
d'un accès à l'Internet, deviennent peu à peu des
centres locaux d'acquisition de connaissances polyvalents et accessibles
à tous, en ayant recours aux méthodes les plus adaptées
en fonction de la grande diversité des groupes cibles ; mettre en
place entre les écoles, les centres de formation, les entreprises
et les établissements de recherche des partenariats pour l'acquisition
des connaissances qui soient profitables à tous ;
-adopter
un cadre européen définissant les nouvelles compétences
de base dont l'éducation et la formation tout au long de la vie
doivent permettre l'acquisition : compétences en technologies de
l'information, langues étrangères, culture technologique,
esprit d'entreprise et aptitudes sociales ; instituer un diplôme
européen pour les compétences de base en technologies de
l'information, avec des procédures de délivrance décentralisées,
afin de promouvoir la culture numérique dans toute l'Union ;
-définir,
d'ici à la fin de l'an 2000, les moyens permettant d'encourager
la mobilité des étudiants, des enseignants, des formateurs
et des chercheurs par une utilisation optimale des programmes communautaires
existants (Socrates, Leonardo, Jeunesse), par l'élimination des
obstacles et par une transparence accrue dans la reconnaissance des qualifications
et des périodes d'étude et de formation ; prendre des mesures
pour supprimer les entraves à la mobilité des enseignants
d'ici à 2002 et pour attirer des enseignants de qualité ;
-mettre
au point un modèle européen commun de curriculum vitae, qui
sera utilisé sur une base volontaire pour favoriser la mobilité
en aidant les établissements d'enseignement et de formation et les
employeurs à mieux évaluer les connaissances acquises.
27.Le
Conseil européen demande au Conseil "Éducation" d'entreprendre
une réflexion générale sur les objectifs concrets
futurs des systèmes d'enseignement, axée sur les préoccupations
et les priorités communes tout en respectant les diversités
nationales, en vue de contribuer aux processus de Luxembourg et Cardiff
et de présenter un rapport plus complet au Conseil européen
au printemps 2001.
Des
emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour l'Europe : vers
une politique active de l'emploi
28.Le
processus de Luxembourg, qui repose sur l'élaboration, au niveau
de la Communauté, de lignes directrices pour l'emploi et sur leur
transposition en plans d'action nationaux pour l'emploi, a permis à
l'Europe de réduire substantiellement le chômage. L'évaluation
à mi-parcours devrait donner un nouvel élan à ce processus
en étoffant les lignes directrices et en leur assignant des objectifs
plus concrets, en établissant des liens plus étroits avec
les autres politiques concernées et en définissant des procédures
permettant de mieux y associer les différents acteurs. Les partenaires
sociaux doivent être associés plus étroitement à
l'élaboration, à la mise en œuvre et au suivi des lignes
directrices appropriées.
29.Dans
ce contexte, le Conseil et la Commission sont invités à aborder
les quatre domaines clés ci-après :
-améliorer
la capacité d'insertion professionnelle et réduire le déficit
de qualification, notamment en fournissant aux services de l'emploi une
base de données européenne sur les possibilités d'emploi
et d'apprentissage ; favoriser la mise en œuvre de programmes visant spécifiquement
à permettre aux chômeurs de combler leur manque de qualification
;
-accorder
plus d'importance à l'éducation et à la formation
tout au long de la vie, composante essentielle du modèle social
européen, notamment en encourageant les partenaires sociaux à
conclure des accords sur l'innovation et sur l'éducation et la formation
tout au long de la vie, en exploitant, grâce à une gestion
souple du temps de travail et à l'alternance formation-emploi, la
complémentarité entre cette éducation et cette formation
et la capacité d'adaptation et en créant un prix européen
pour les firmes pionnières. Il conviendrait d'évaluer les
progrès réalisés au regard de ces objectifs ;
-accroître
l'emploi dans les services, y compris les services personnels, secteur
dans lequel la pénurie se fait le plus sentir ; les initiatives
privées, publiques ou du secteur associatif peuvent être intégrées
à cet effort, en prévoyant des solutions appropriées
pour les catégories les plus défavorisées ;
-améliorer
l'égalité des chances sous tous ses aspects, y compris en
réduisant la ségrégation professionnelle et en permettant
de concilier plus aisément vie professionnelle et vie familiale,
notamment en fixant un nouveau critère d'évaluation des performances
relatif à l'amélioration des structures de garde des enfants.
30.Le
Conseil européen estime que l'objectif global de ces mesures devrait
consister, sur la base des statistiques disponibles, à porter le
taux d'emploi (actuellement de 61 % en moyenne) à un niveau aussi
proche que possible de 70 % d'ici à 2010 et à faire en sorte
que la proportion de femmes actives (actuellement de 51 % en moyenne) dépasse
60 % d'ici à 2010. Compte tenu de leurs situations de départ
différentes, les États membres devraient envisager de fixer
des objectifs nationaux pour un taux d'emploi accru. La population active
sera ainsi plus importante et la viabilité des régimes de
protection sociale s'en trouvera renforcée.
31.C'est
sur la base du modèle social européen, avec ses régimes
de protection sociale très développés, que doit se
faire le passage à l'économie de la connaissance. Ces régimes
doivent toutefois être adaptés dans le cadre d'un État
social actif de manière à ce qu'il soit financièrement
intéressant de travailler, à garantir leur viabilité
à long terme malgré le vieillissement de la population, à
promouvoir l'intégration sociale et l'égalité des
sexes, et à fournir des services de santé de qualité.
Sachant qu'il sera plus efficace de relever ce défi dans le cadre
d'un effort commun, le Conseil européen invite le Conseil à
:
-renforcer
la coopération entre les États membres par l'échange
d'expériences et de meilleures pratiques, sur la base de réseaux
d'information améliorés, qui sont les outils de base en la
matière ;
-charger
le Groupe à haut niveau sur la protection sociale, compte tenu des
travaux effectués au sein du Comité de politique économique,
de favoriser cette coopération et, en priorité, de préparer,
sur la base d'une communication de la Commission, une étude sur
l'évolution future de la protection sociale dans une perspective
à long terme, en accordant une attention particulière à
la viabilité des régimes de retraite à différentes
échéances jusqu'en 2020 et au-delà, si nécessaire.
Un rapport sur l'avancement des travaux devrait être disponible en
décembre 2000.
Favoriser
l'intégration sociale
32.Il
est inacceptable que, dans l'Union, tant de personnes vivent en dessous
du seuil de pauvreté et soient touchées par l'exclusion sociale.
Il faut prendre des mesures pour donner un élan décisif à
l'élimination de la pauvreté en fixant des objectifs appropriés
devant être approuvés par le Conseil d'ici à la fin
de l'année. Le Groupe à haut niveau sur la protection sociale
sera associé à ces travaux. La nouvelle société
de la connaissance offre de formidables possibilités pour réduire
l'exclusion sociale, que ce soit en créant les conditions économiques
d'une plus grande prospérité grâce à des taux
de croissance et d'emploi plus élevés ou en créant
de nouvelles modalités de participation à la société.
Mais elle comporte également le risque de voir sans cesse s'élargir
le fossé entre ceux qui ont accès aux nouvelles connaissances
et ceux qui en sont exclus. Afin d'éviter ce risque et d'exploiter
pleinement les nouvelles possibilités, il faut s'efforcer d'améliorer
les qualifications, de favoriser l'accès de tous à la connaissance
et aux possibilités offertes et de lutter contre le chômage
: l'emploi est la meilleure protection contre l'exclusion sociale. Les
politiques de lutte contre l'exclusion sociale devraient reposer sur une
méthode ouverte de coordination combinant les plans d'action nationaux
et une initiative favorisant la coopération dans ce domaine, que
la Commission présentera d'ici à juin 2000.
33.En
particulier, le Conseil européen invite le Conseil et la Commission
à :
-favoriser
une meilleure compréhension de l'exclusion sociale par la poursuite
du dialogue et des échanges d'informations et de meilleures pratiques,
sur la base d'indicateurs arrêtés d'un commun accord ; le
Groupe à haut niveau sur la protection sociale sera associé
à l'établissement de ces indicateurs ;
-intégrer
la promotion de la solidarité dans les politiques des États
membres en matière d'emploi, d'éducation et de formation,
de santé et de logement, cette intégration étant complétée
au niveau communautaire par l'intervention des fonds structurels dans le
respect du cadre budgétaire actuel ;
-définir
des actions prioritaires pour des groupes cibles déterminés
(par exemple les minorités, les enfants, les personnes âgées,
les personnes handicapées), le choix des actions les plus adaptées
à leur situation particulière étant laissé
à l'appréciation des États membres, qui feront ensuite
rapport sur la mise en œuvre de ces actions.
34.Compte
tenu des présentes conclusions, le Conseil poursuivra ses réflexions
sur la future orientation de la politique sociale, sur la base d'une communication
de la Commission, afin d'arriver en décembre, au Conseil européen
de Nice, à un accord sur un agenda social européen intégrant
les initiatives des différents partenaires concernés.
MISE
EN PRATIQUE DES DÉCISIONS : UNE APPROCHE PLUS COHÉRENTE ET
PLUS SYSTÉMATIQUE
Améliorer
les processus existants
35.Il
n'est nul besoin de nouveaux processus. Les grandes orientations des politiques
économiques et les processus de Luxembourg, Cardiff et Cologne fournissent
les instruments nécessaires, pour autant qu'ils soient simplifiés
et mieux coordonnés entre eux, notamment en faisant participer les
autres formations du Conseil à l'élaboration, par le Conseil
ECOFIN, des grandes orientations des politiques économiques. En
outre, ces grandes orientations des politiques économiques devraient
se concentrer de plus en plus sur les conséquences à moyen
et à long terme des politiques structurelles et sur les réformes
visant à valoriser le potentiel de croissance économique,
l'emploi et la cohésion sociale, ainsi que sur le passage à
une économie de la connaissance. Les processus de Cardiff et Luxembourg
permettront d'approfondir les différents sujets abordés.
36.Le
Conseil européen consolidera ces améliorations en assumant
un rôle phare d'orientation et de coordination, qui lui permettra
d'assurer la cohérence générale et un suivi effectif
des progrès réalisés sur la voie du nouvel objectif
stratégique. Par conséquent, le Conseil européen se
réunira chaque année au printemps pour débattre des
questions économiques et sociales. Il convient donc d'organiser
les travaux tant en amont qu'en aval de cette réunion. Le Conseil
européen invite la Commission à élaborer chaque année
un rapport de synthèse sur les progrès réalisés
sur la base d'indicateurs structurels en matière d'emploi, d'innovation,
de réformes économiques et de cohésion sociale, qui
seront fixés d'un commun accord.
Mettre
en œuvre une nouvelle méthode ouverte de coordination
37.La
mise en œuvre de l'objectif stratégique sera facilitée par
le recours à une nouvelle méthode ouverte de coordination
permettant de diffuser les meilleures pratiques et d'assurer une plus grande
convergence au regard des principaux objectifs de l'UE. Conçue pour
aider les États membres à développer progressivement
leurs propres politiques, cette méthode consiste à :
-définir
des lignes directrices pour l'Union, assorties de calendriers spécifiques
pour réaliser les objectifs à court, moyen et long terme
fixés par les Etats membres ;
-établir,
le cas échéant, des indicateurs quantitatifs et qualitatifs
et des critères d'évaluation par rapport aux meilleures performances
mondiales, qui soient adaptés aux besoins des différents
Etats membres et des divers secteurs, de manière à pouvoir
comparer les meilleures pratiques ;
-traduire
ces lignes directrices européennes en politiques nationales et régionales
en fixant des objectifs spécifiques et en adoptant des mesures qui
tiennent compte des diversités nationales et régionales ;
-procéder
périodiquement à un suivi, une évaluation et un examen
par les pairs, ce qui permettra à chacun d'en tirer des enseignements.
38.L'approche
retenue sera totalement décentralisée, conformément
au principe de subsidiarité ; l'Union, les États membres,
les collectivités régionales et locales, ainsi que les partenaires
sociaux et la société civile seront activement associés
dans diverses formes de partenariat. Une méthode d'évaluation
des meilleures pratiques en matière de gestion des changements sera
élaborée par la Commission européenne en coordination
avec différents prestataires et utilisateurs, à savoir les
partenaires sociaux, les entreprises et les ONG.
39.Le
Conseil européen fait tout particulièrement appel au sens
des responsabilités sociales des entreprises en ce qui concerne
les meilleures pratiques en matière d'éducation et de formation
tout au long de la vie, d'organisation du travail, d'égalité
des chances, d'intégration sociale et de développement durable.
40.Un
Forum de haut niveau rassemblant les institutions et organes de l'Union
et les partenaires sociaux aura lieu en juin pour faire le point des processus
de Luxembourg, Cardiff et Cologne et évaluer la manière dont
les différents acteurs contribuent à étoffer le contenu
du Pacte européen pour l'emploi.
Mobiliser
les moyens nécessaires
41.La
réalisation du nouvel objectif stratégique reposera essentiellement
sur le secteur privé et sur des partenariats entre les secteurs
public et privé. Elle dépendra d'une mobilisation des ressources
disponibles sur les marchés et des efforts consentis par les États
membres. Le rôle de l'Union est de servir de catalyseur pour ce processus,
en établissant un cadre efficace permettant de mobiliser toutes
les ressources disponibles pour assurer la transition vers l'économie
de la connaissance et en apportant sa propre contribution à cet
effort dans le cadre des politiques communautaires existantes tout en respectant
l'Agenda 2000. En outre, le Conseil européen se félicite
de la contribution que la BEI est prête à apporter à
la formation du capital humain, aux PME et à l'esprit d'entreprise,
à la R&D, aux réseaux des technologies de l'information
et des télécommunications et à l'innovation. Dans
le cadre de l'initiative "Innovation 2000", la BEI devrait, comme elle
en a l'intention, dégager une nouvelle tranche d'un milliard d'euros
pour des opérations de capital-risque en faveur des PME et consacrer
aux domaines prioritaires son programme de prêts spécifique
d'un montant de 12 à 15 milliards d'euros pour les trois prochaines
années.
II.POLITIQUE
EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET
DE DÉFENSE
42.Le
Conseil européen a accueilli avec satisfaction le rapport préliminaire
établi par la présidence sur le "Renforcement de la politique
européenne commune en matière de sécurité et
de défense", qui présente les travaux poursuivis dans le
cadre du Conseil "Affaires générales" par la présidence,
en association avec le Secrétaire général/Haut représentant,
conformément au mandat donné par le Conseil européen
d'Helsinki.
43.Le
Conseil européen se félicite en particulier de ce que les
organes intérimaires prévus à Helsinki soient désormais
en place et commencent à fonctionner efficacement et de ce que le
Conseil ait défini une procédure à suivre pour élaborer
l'objectif global et recenser les contributions nationales qui permettront
d'atteindre l'objectif en matière de capacités militaires
fixé à Helsinki.
44.Le
Conseil européen attend avec intérêt la suite des travaux
que la présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut
représentant, effectuera dans le cadre du Conseil ainsi que le rapport
d'ensemble qu'établira la présidence à l'intention
du Conseil européen de Feira, comme l'a demandé le Conseil
européen d'Helsinki, notamment les propositions sur la participation
de pays tiers à la gestion militaire des crises par l'UE et sur
l'évolution ultérieure des relations de l'UE avec l'OTAN
conformément aux conclusions du Conseil européen d'Helsinki.
5.Le
Conseil européen se déclare en outre satisfait de ce qui
a été accompli jusqu'à présent sur le plan
de la gestion non militaire des crises. Il invite le Conseil à mettre
en place, d'ici sa réunion de Feira ou lors de celle-ci, un Comité
pour la gestion civile des crises.
III.BALKANS
OCCIDENTAUX
46.Le
Conseil européen réaffirme que la paix, la prospérité
et la stabilité de l'Europe du Sud-Est sont une priorité
stratégique pour l'Union européenne. Le Conseil européen
prend acte des progrès réalisés au cours de l'année
passée, mais aussi des défis sérieux auxquels la communauté
internationale reste confrontée dans les Balkans occidentaux. Le
Conseil européen accueille avec satisfaction le rapport élaboré
par le Secrétaire général/Haut représentant,
avec la Commission, sur les Balkans occidentaux.
47.Le
Conseil européen confirme que son objectif premier reste l'intégration
la plus complète possible des pays de la région dans le courant
politique et économique général de l'Europe. Le Conseil
européen confirme que le processus de stabilisation et d'association
est la pièce maîtresse de sa politique dans les Balkans. Les
accords de stabilisation et d'association comprendront une assistance et
une coopération économiques et financières, un dialogue
politique, un alignement sur la législation de l'UE, une coopération
dans d'autres domaines et le libre-échange. Ces accords devraient
être précédés d'une libéralisation asymétrique
des échanges. Le Conseil européen invite les pays de la région
à œuvrer ensemble et avec l'Union pour que le processus de stabilisation
et d'association soit couronné de succès.
48.Le
Conseil européen, eu égard aux conclusions du Conseil européen
de Tampere, rappelle que la Conférence sur la région de la
mer Adriatique aura lieu les 19 et 20 mai à Ancône sous le
parrainage de l'Italie, en coopération avec l'Union européenne.
Cette Conférence permettra de renforcer la coopération dans
la région de la mer Adriatique en ce qui concerne la lutte contre
la criminalité organisée, le trafic de contrebande et l'immigration
clandestine, et de favoriser la coopération transfrontière.
49.Le
Conseil européen invite instamment la Commission à présenter
des propositions visant à instaurer des procédures accélérées
et à garantir une assistance rapide et efficace.
50.Le
Conseil européen souligne que, en RFY, une Serbie démocratique,
disposée à coopérer et vivant en paix avec ses voisins,
sera la bienvenue dans la famille européenne. Aussi, l'Union poursuivra-t-elle
son action en faveur d'un changement démocratique en Serbie. Les
sanctions sélectives contre le régime resteront un élément
nécessaire de la politique de l'UE tant que le président
Milosevic sera au pouvoir. Le Conseil européen lance un appel au
peuple serbe pour qu'il prenne lui-même en mains son avenir et recouvre
sa place dans la famille des nations démocratiques. L'UE, pour sa
part, non seulement continuera à soutenir l'opposition démocratique,
mais établira un dialogue étendu avec la société
civile. Il faudrait encourager les ONG serbes à intervenir aux côtés
d'autres ONG au niveau régional dans le cadre du Pacte de stabilité.
51.Le
Conseil européen invite instamment la Commission et toutes les parties
concernées, y compris la Commission du Danube, à prendre
immédiatement les dispositions nécessaires en vue de rétablir
la navigation sur le Danube d'ici l'été.
52.Le
Conseil européen appuie les efforts du Monténégro
pour réaliser des réformes démocratiques et parvenir
à la prospérité économique. Le Conseil européen
souligne qu'il est urgent d'apporter une aide substantielle au Monténégro
pour assurer la survie du gouvernement démocratique et éviter
une autre crise grave dans la région. Outre l'étude que le
Conseil a demandé à la BEI de réaliser sur la possibilité
d'étendre ses activités au Monténégro, le Conseil
européen invite les institutions compétentes à prendre
rapidement les décisions nécessaires sur le financement,
dans les limites des crédits disponibles pour 2000, de projets,
de programmes et d'autres formes d'assistance qui permettraient de faire
face aux besoins financiers immédiats du Monténégro,
en recourant le cas échéant aux réserves budgétaires
de l'UE ainsi qu'à l'aide macroéconomique. A cet égard,
le Conseil européen se félicite de l'inauguration officielle,
ce jour à Thessalonique, de l'Agence pour la reconstruction.
53.Le
Conseil européen réaffirme son attachement à la résolution
1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies comme cadre
de l'action de la communauté internationale au Kosovo. Il salue
les efforts déployés par la MINUK et la KFOR en vue d'atteindre
les objectifs de la résolution ainsi que ceux de l'OSCE. Obtenir
la participation serbe à l'administration intérimaire et
aux élections municipales de l'automne 2000 seront des étapes
importantes sur la voie de la stabilisation de la situation au Kosovo.
Une stabilité durable dans la région ne peut être assurée
qu'en prenant en considération les intérêts légitimes
des pays voisins de la RFY dans le plein respect de l'intégrité
territoriale et des frontières existantes.
54.La
responsabilité particulière qu'assume l'Union dans la région
lui confère un rôle central dans le soutien international
fourni au Kosovo. Elle est déterminée à faire en sorte
que l'action internationale aboutisse. Elle reconnaît que pour cela
le soutien doit être beaucoup mieux coordonné et bien plus
cohérent et qu'il faut faire en sorte que les efforts de l'Union
et de ses États membres soient dûment reconnus. L'UE assume
déjà le rôle principal par sa contribution à
la reconstruction au Kosovo en fournissant 30 000 soldats à la KFOR,
800 policiers civils et un financement de 505 millions d'euros et en dirigeant
les opérations relevant du volet "reconstruction économique"
de la MINUK.
55.La
communauté internationale a besoin d'une stratégie plus cohérente
et plus orientée vers l'action pour encadrer le soutien politique
et économique au Kosovo et aux pays de la région. Le Conseil
européen réaffirme la contribution vitale à cet égard
du Pacte de stabilité, sous la conduite de son Coordinateur spécial
et du Représentant spécial de l'UE. Pour renforcer le rôle
central de l'UE, le Conseil européen invite le Secrétaire
général/Haut représentant, sous l'autorité
de la présidence et du Conseil et en totale association avec la
Commission, à assurer la cohérence des politiques de l'UE
à l'égard des Balkans occidentaux, à renforcer l'impact
de sa contribution et à améliorer la coordination avec le
Pacte de stabilité et les autres efforts de la communauté
internationale. Ils devraient présenter à cet effet, lors
de la prochaine session du Conseil "Affaires générales",
des propositions orientées vers l'action. La Conférence régionale
pour le financement qui aura lieu prochainement marquera une étape
décisive pour les efforts conjoints déployés par la
communauté internationale en Europe du Sud-Est.
IV.RUSSIE
56.A
la veille de l'élection présidentielle en Russie, le Conseil
européen réaffirme :
-qu'il
importe de développer un partenariat stratégique vraiment
efficace et conforme à l'APC, à la stratégie commune
de l'UE et aux plans d'actions successifs de la présidence, de manière
que l'UE et la Russie puissent travailler ensemble dans les nombreux domaines
d'intérêt commun, afin d'apporter la paix, la stabilité
et la prospérité à l'Europe sur la base de valeurs
communes et d'objectifs partagés ;
-qu'il
convient, à cet effet, que la Russie respecte ses engagements en
ce qui concerne la Tchétchénie et notamment qu'elle :
=mette
fin au recours aveugle à la force militaire ;
=permette
que les violations des droits de l'homme fassent l'objet d'enquêtes
indépendantes ;
=permette
aux organisations internationales compétentes et aux observateurs
de remplir librement leur mission ;
=s'emploie
sans tarder à rechercher une solution politique.
57.Le
Conseil européen voit dans le Conseil de coopération avec
la Russie qui doit avoir lieu le 11 avril, ainsi que dans le Sommet Russie-UE
qui est prévu, des occasions décisives d'atteindre ces objectifs.
À cette même fin, le Conseil européen demande à
la Troïka de se rendre à Moscou dès que possible après
l'élection du nouveau président russe pour lui rappeler,
à lui ainsi qu'à son gouvernement, l'approche de l'UE à
l'égard d'une relation d'une telle importance pour les deux parties
et les préoccupations qu'elle lui inspire.
V.CONFÉRENCE
INTERGOUVERNEMENTALE
58.Le
Conseil européen prend acte de l'état d'avancement des travaux
de la Conférence ainsi que de l'intention de la présidence
de présenter, sous sa propre responsabilité, un rapport global
au Conseil européen de Feira.
VI.RÉGIONS
ULTRAPÉRIPHÉRIQUES
59.Le
Conseil européen prend acte du rapport sur les mesures destinées
à mettre en œuvre l'article 299, paragraphe 2, relatif aux régions
ultrapériphériques, présenté par la Commission
récemment, et il invite celle-ci à soumettre ses premières
propositions au Conseil.
Annexe
DOCUMENTS
SOUMIS AU CONSEIL EUROPÉEN DE LISBONNE[1]
·Note
de la présidence sur l'emploi, les réformes économiques
et la cohésion sociale
Pour
une Europe de l'innovation et de la connaissance
(5256/00
+ ADD 1 COR 1 (en))
·Rapport
de la Commission
eEurope
- Une société de l'information pour tous
(6978/00)
·Contribution
de la Commission
-
Un agenda de renouveau économique et social pour l'Europe
(6602/00)
·Communication
de la Commission sur les politiques communautaires au service de l'emploi
(6714/00)
·Communication
de la Commission intitulée "Construire une Europe de l'inclusion"
(6715/00)
·Communication
de la Commission intitulée "Les tendances sociales : perspectives
et défis"
(6716/00)
·Communication
de la Commission intitulée "Stratégies pour l'emploi dans
la société de l'information"
(6193/00)
·Rapport
de la Commission sur la réforme économique :
Rapport
sur le fonctionnement des marchés des produits et des capitaux
(5795/00)
·Contribution
du Conseil (ECOFIN)
(6631/1/00
REV 1)
·Contribution
du Conseil (Travail et affaires sociales)
(6966/00)
·Contribution
du Conseil (Marché intérieur) : "Processus de réforme
économique de Cardiff - aspects liés au marché intérieur"
(7130/00)
·Avis
du Comité de l'emploi et du marché du travail
(6557/00)
·Rapport
de la présidence intitulé "Renforcement de la politique européenne
commune en matière de sécurité et de défense"
(6933/00)
·Rapport
sur les Balkans occidentaux adressé au Conseil européen par
le Secrétaire général/Haut représentant en
association avec la Commission
(SN
2032/2/00 REV 2)
·Projet
de rapport du Conseil européen au Parlement européen sur
les progrès de l'Union en 1999
(6648/00
+
COR 1 (gr))
[1]Les
documents préparatoires concernant l'emploi, les réformes
économiques et la cohésion sociale sont disponibles sur le
site internet de la présidence (http ://www.portugal.ue-2000.pt/).