L'Europe
sera
une puissance |
USA ! |
C'EST FAUX! |
C'est
la contre-vérité européiste la plus consternante.
L'Europe
serait "un formidable multiplicateur de puissance" qui donnerait à
la France l'influence politique que la taille limitée de sa puissance
économique ne lui confère plus. En toutes circonstances,
et notamment lors de la guerre en Serbie, les européistes affirment
que l'Europe unie va enfin pouvoir s'affranchir de la tutelle américaine
pour exister politiquement à l'échelle mondiale.
C'est
là le coeur de la pensée européiste qu'on peut résumer
par ce truisme: "à quinze, on est plus fort que tout seul". Certes!
à condition que les quinze veuillent la même politique! Or
ce n'est pas le cas: seule la France souhaite une Europe diplomatique et
militaire indépendante des États-Unis, tous les autres veulent
le maintien de l'OTAN en Europe.
Aucun État européen ne souhaite une sécurité indépendante des USA
Les européistes se gaussent du prétendu paradoxe suivant: "ce sont souvent les mêmes qui contestent la prépondérance américaine et l'intégration européenne". (éditorial du Monde 27/3/99). Effectivement ce sont les mêmes mais il n'y a aucun paradoxe, pour cette simple raison qu'aucun pays européen ne souhaite avoir une diplomatie ou une défense indépendante des États-Unis. Si une diplomatie européenne commune existait, elle ne serait que l'appendice des États-Unis. Nous mettons au défi n'importe quel européiste de produire un document de responsables européens, autres que français, appelant à organiser un contrepoids à la toute puissance des États-Unis. En revanche, nous tenons à la disposition des européistes, toute une liste de textes qui montrent que les Européens n'envisagent pas une défense indépendante de l'OTAN.
Quelques
exemples montrant que les Européens
ne
veulent pas de diplomatie et de défense indépendantes
À tout seigneur tout honneur, le premier exemple est tiré des Saintes Écritures: l'article J.4-4 du traité de Maëstricht (1) stipule que "la politique de l'Union, au sens du présent article n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de défense et de sécurité de certains États membres, elle respecte les obligations découlant pour certains États membres du traité de l'Atlantique Nord et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre." Traduction de cette langue inimitable, qui a la légèreté germanique de la prose allemande traduite: les pays neutres de l'UE (Autriche, Suède, Irlande, Finlande) peuvent rester neutres, les autres, s'ils souhaitent coopérer davantage, doivent le faire de manière compatible à leur appartenance à l'OTAN.
L'exemple suivant est issu des meilleures sources: le site de la commission européenne; dans un historique décrivant les "ancêtres de la PESC", un paragraphe retrace les mésaventures du plan Fouchet(61-62): "Trois ans après la création de la Communauté Économique Européenne (CEE) et de l'Euratom, de nature essentiellement économique, la volonté d'amorcer la construction politique de l'Europe renaît sous l'impulsion du Général de Gaulle. Le Français Christian Fouchet établit dès lors trois propositions entre 1961 et 1962, connues sous le nom de «Plan Fouchet». Un «Traité sur l'Union d'Etats» est ébauché: la coopération interétatique doit mener à une politique étrangère unifiée, au renforcement de la sécurité des États membres contre toute agression et à une coordination des politiques de défense. A terme, le traité sur l'Union d'États doit englober les communautés européennes. Les initiatives de la France seront repoussées par ses partenaires pour deux raisons essentielles: la volonté de préserver les Communautés européennes d'une coopération jugée trop interétatique, et la volonté de préserver le lien avec les États-Unis et l'OTAN en matière de défense". Traduction sans la langue de bois: les autres pays européens ont refusé de mettre en danger les ébauches de fédéralisme par une coopération interétatique qui en est le contraire, et surtout ils s'indignaient qu'on puisse s'éloigner des États-Unis. Près de quarante ans après, les 14 autres États européens en sont toujours là.
En 1996 au sommet de l'OTAN de Bergen, la France a tenté de promouvoir un "pilier européen de défense" et proposé que le commandement de la zone sud de l'OTAN soit confié à un Européen: les États-Unis, ont refusé net, de même que tous les autres pays européens; l'Allemagne, par la voix de son ministre de la défense de l'époque Volker Rühe, invita même la France à "ne plus chevaucher de chimères".
Dans une tribune intituléeLes défis de l'Europe, Javier Solana, nommé M.PESC en juin 99, c'est-à-dire le «haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune» (Le Monde 11/11/99) développe l'idée qu'il se fait de l'Europe en tant que puissance diplomatique et militaire: "Les États-Unis sont des partenaires indispensables pour notre projet (...) Cette prise en main de leur propre destin par les Européens n'empêche ni la reconnaissance des Européens pour la générosité et l'intensité de la contribution américaine à la construction européenne, ni le rôle essentiel que l'Amérique continue de jouer dans la défense et la sécurité de notre continent, ni l'approfondissement des liens sur la base des valeurs partagées, qui en ont assuré la solidité depuis l'origine (...) Loin d'affaiblir l'OTAN, la politique européenne de défense et de sécurité ne peut que la renforcer et lui donner une légitimité nouvelle." Ainsi, celui qui est chargé de conduire la politique étrangère et de sécurité commune de l'Europe envisage "l'approfondissement des liens" transatlantiques et admet que l'Europe diplomatique et militaire renforcera l'OTAN.
Le 9 décembre 1996 à Nuremberg, Chirac et Kohl ont défini un "concept commun franco-allemand en matière de sécurité et de défense", dans lequel les deux dirigeants placent l'imbrication du futur système européen de défense dans son cadre atlantique, à la fois pour son inspiration, sa doctrine et ses modes d'emploi .Chaque paragraphe est un chef d'oeuvre d'atlantisme béat: il y est question de "donner à la coopération franco-allemande une impulsion nouvelle dans une perspective européenne et atlantique". On déclare qu'il s'agit de "placer le partenariat transatlantique avec les États d'Amérique du Nord sur une base nouvelle et solide" pour "l'accomplissement en commun des missions de défense collectives de l'Alliance". On y célèbre la pérennité de l'OTAN comme "garantie indispensable pour la stabilité et la sécurité de l'Europe". Enfin, l'apothéose: "la garantie suprême de la sécurité des alliés est assurée par les forces nucléaires stratégiques de l'Alliance, en particulier celles des États-Unis". (2) Il est difficile de trouver meilleur exemple prouvant qu'une hypothétique défense européenne serait sous l'influence américaine.
"L'OTAN est la pierre angulaire de toute capacité de défense,
et il n'est pas question d'armée
européenne"
Tony Blair. Mai 99
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À l'occasion du sommet franco-britannique de Saint-Malo en décembre 1998, Tony Blair, en faisant quelques propositions sur l'Europe de défense, a été accueilli comme le Messie par les européistes. Enfin, la Grande-Bretagne s'affranchissait de la tutelle américaine, devenait «euroconstructive», même pour les aspects diplomatiques de l'UE! Las! L'ivresse de la perspective d'une politique européenne indépendante aura duré... une semaine. Fin décembre, la Grande-Bretagne participait aux bombardements américains sur l'Irak, sans mandat de l'ONU. La servilité anglaise envers les USA avait eu raison de la prétendue conversion de Blair. Quelques mois plus tard, l'Angleterre confirmait les limites de son «euroconstructivisme»: "Mauvaise nouvelle pour la coopération européenne de défense tant vantée ces derniers mois à Saint-Malo, et récemment à Washington: la Grande-Bretagne a décidé, lundi 26 avril, de renoncer au programme le plus emblématique du siècle en matière de coopération navale, celui de la frégate Horizon." (Le Monde 28/4/99) En pleine guerre contre la Serbie, alors que la soumission des Européens à l'égard des USA apparaissait évidente, Blair déclara: "l'OTAN est la pierre angulaire de toute capacité de défense, et [qu'] il n'est pas question d'armée européenne" (Le Monde diplomatique 6/99) On le voit, la servilité britannique envers les États-Unis a encore de beaux jours devant elle...Un an après le sommet de Saint-Malo, en novembre 99, Blair a expliqué comment il voyait l'avenir de l'Europe: "si cela signifie divorcer de la relation transatlantique, je ne le souhaite pas. Ma vision est qu'au début du prochain siècle, il sera vital que l'Europe et les Etats-Unis soient côte à côte. Je souhaite par exemple des relations plus étroites entre la France et les Etats-Unis, même si, pour toutes sortes de raisons historiques, une partie de l'establishment politique français est très méfiante vis-à-vis des Américains. Ce qui nous unit est infiniment plus important que ce qui nous divise. Nous devons faire face aux mêmes défis." (Libération 22/11/99) Sans surprise, le rôle que Blair assigne à son pays est de jouer l'entremetteur entre Paris et Washington, afin d'atténuer les épisodiques tensions franco-américaines et de renforcer le lien transatlantique. Pour la Grande-Bretagne comme pour les 14 partenaires européens, la défense de l'Europe et l'OTAN doivent coïncider.
Au sommet européen d'Helsinki,
le 10 décembre 1999, les 15 chefs d'État et de gouvernement
ont décidé la mise en place d'un corps d'armée de
50.000 à 60.000 hommes. Grandiose, le communiqué annonce
que ce corps d'armée "pourra effectuer des opérations militaires",
ce qui est assez inattendu pour des forces armées... Cette «armée»
dérisoire, à comparer aux 1,5 millions d'hommes de l'armée
américaine, a suffi à rendre épique la claque européiste:
"L'Europe-puissance" éditorialise le Monde (12-13/12/99).
Cette armée "a exprimé de manière spectaculaire
sa volonté [celle de l'Europe] d'exister par elle-même, sans
le concours des États-Unis, dans un domaine dont les guerres de
l'ex-Yougoslavie ont assez manifesté l'importance". Alain Duhamel
pour sa part, estime que "à Helsinki, l'Europe-puissance a progressé
avec la décision de mettre sur pied une force de réaction
rapide de la taille d'un corps d'armée." (Libération
17/12/99). Une «Europe-puissance»? Une
armée «sans le concours des États-Unis»?
La réalité
est quelque peu différente: la prétendue armée européenne ne sera pas une armée permanente mais une simple force d'intervention
rapide comme il en existe déjà une entre la France et la Grande-Bretagne.
Elle n'interviendra que dans les cas où les États-Unis ne souhaitent
pas intervenir. Elle ne remet pas en cause la présence militaire
américaine en Europe, comme l'a reconnu Chirac lors de la conférence
de presse: "Cette question fait apparaître qu'il y a parfois un
malentendu dans le domaine de la relation entre l'Union européenne
et l'OTAN. L'Alliance atlantique est un fait politique capital aussi bien
pour les membres européens que pour les Américains. C'est
bien là le cadre de notre système de défense et de
sécurité." La future «armée» européenne
n'est pas chargée de défendre le continent mais simplement
d'assurer des interventions moitié militaires, moitié humanitaires.
Les États-Unis n'ont en rien été effrayés par
cette initiative européenne, et pour cause. Ils savent pertinemment
qu'à part la France épisodiquement, personne en Europe ne
souhaite leur retrait des affaires européennes. Aussi apprend-on
quelques jours après le sommet européen: "Le Pentagone
salue l'initiative européenne de défense. Le Pentagone a
qualifié lundi 13 décembre [1999], de «pas dans la
bonne direction», le projet adopté par les Européens
à Helsinki, de créer un corps de 60.000 hommes en 2003."
Le porte-parole du Pentagone, Kenneth Bacon a déclaré à
propos de l'Union européenne: "elle ne sera pas en opposition
avec l'OTAN, elle renforcera les capacités de l'OTAN" (Le
Monde 15/12/99) L'Union européenne renforce l'OTAN: en quelques mots, tout est dit.
La France avait proposé à l'Allemagne de développer des satellites d'observation militaire, indispensables pour se passer des Américains. Bien entendu, l'Allemagne a refusé: "les Allemands décidèrent de renoncer à accompagner les Français dans la réalisation d'un satellite optique de nouvelle génération, Hélios 2, préférant ne dépendre que des sources américaines, pourtant aléatoires. Bonn a ainsi cédé aux sirènes de Washington, qui l'invitait à ne point rejoindre les Français." (3) Quand les européistes se lamentent de la dépendance européenne à l'égard des USA pour la conduite de la guerre en Serbie ou ailleurs, ils oublient de rappeler ce genre d'éléments, parmi tant d'autres, qui attestent que, pour les 14 autres pays de l'UE, cette dépendance est librement consentie.
On
peut allonger à l'infini la liste de faits qui démontrent
que la France est seule à souhaiter une diplomatie indépendante
des États-Unis. Même les européistes doivent épisodiquement
en convenir:
"Il n'y a véritablement qu'en France où,
sans revenir sur l'appartenance du pays à l'alliance [l'OTAN], se
manifeste, avec plus ou moins d'acuité selon les périodes,
une ambivalence certaine sur l'importance à accorder au lien transatlantique."
(Le
Monde A.Frachon 3/4/99).
Et
si le ministre des Affaires Étrangères, Hubert Védrine
affecte en public de voir dans la guerre en Yougoslavie la preuve de la
nécessité d'une armée européenne, il est en
privé sans illusion sur cette idée: "il y a une caractéristique
française: nous sommes le seul pays en Europe à dire que
ce qui se passe au Kosovo montre qu'il faut une défense européenne.
Les autres pays européens ne pensent pas cela. Ils se disent: «Pourquoi
les Français nous cassent-ils la tête avec leur défense
européenne? C'est très coûteux et il y a déjà
l'OTAN!»"(Le Canard enchaîné2/6/99).
Quel dommage que dans ses propos publics, Védrine ne se
départe jamais de la vulgate européiste!
Pourquoi
les États européens n'ont pas intérêt
à
construire une diplomatie indépendante?
Pour
des raisons variées: la Grande-Bretagne utilise sa "relation
spéciale" avec les États-Unis pour disposer au sein de l'OTAN
d'une influence que sa taille ne justifie pas. Dans un système de
défense purement européen, son influence serait infiniment
moindre. La politique britannique vis-à-vis des États-Unis
ressemble à la politique française vis-à-vis de l'Allemagne:
un suivisme total en échange d'un strapontin, à l'OTAN pour
l'Angleterre, à la Banque centrale européenne pour la France.
La
Grande-Bretagne s'imagine être en Europe la préférée
du harem des USA. Elle se refuse à accepter que les Américains
lui préfèrent désormais une autre: l'Allemagne,
par sa prépondérance économique, a désormais
également une "relation spéciale" avec les États-Unis:
on se rapportera à l'ouvrage
en ligne de Bruno Colson: "si la «relation spéciale»
anglo-américaine persiste, c'est davantage dans coeur de Londres
que dans celui de Washington. Dès avril 1989, George Bush proposait
à l'Allemagne un partnership in leadership. Surtout, Washington réalisa
bien avant Londres, Paris ou Moscou que la réunification était
inévitable et soutint le processus, dans l'espoir d'y obtenir une
influence décisive. L'Allemagne est devenue le relais idéal
de la puissance américaine en Europe car, depuis 1945, elle a dû
rompre avec son passé et abandonner le symbolisme militaire constitutif
de toute conscience nationale. À la différence de la Grande-Bretagne
et de la France qui ont l'habitude de n'entrer dans des formes de coopération
internationale que selon leurs propres termes, l'Allemagne fédérale
a dû se subordonner de façon directe et inconditionnelle.
Pour elle, l'entrée dans l'OTAN a été un moyen de
regagner une certaine expression militaire nationale. L'Allemagne a toujours
été au sein de l'OTAN le «bon élève obligé».
Le surcroît de puissance qu'elle a tiré de sa réunification
ne peut que convenir aux États-Unis dans la mesure où cela
conforte l'OTAN. Pour le général Odom, le lien germano-américain,
"ancré dans l'OTAN", donne sa stabilité à la région.
Il permet de prévenir une guerre mieux qu'un lien privilégié
avec la France ou la Grande-Bretagne, qui permettrait seulement de gagner
une guerre. Si l'Allemagne est l'allié à privilégier,
c'est aussi parce qu'elle seule peut fournir un contrepoids indispensable
face à la Russie. Mais à ce propos il s'agira aussi d'empêcher
l'Allemagne de tomber dans une position intermédiaire entre l'Est
et l'Ouest et a fortiori de l'empêcher de conclure une alliance avec
la Russie, bon gré mal gré. Pour Warren Christopher, l'Allemagne
doit être le modèle et le catalyseur de l'intégration
européenne telle que la souhaite Washington".(Hautes
Études stratégiques juillet 97) En outre,
l'Allemagne ne s'intéresse guère au reste du monde, hors
de l'Europe, pourquoi chercherait-elle à s'affranchir des États-Unis
dès lors que ceux-ci ont intérêt à renforcer
l'influence de l'Allemagne en Europe?
Pour les
"petits" États européens une diplomatie indépendante
ne serait d'aucune utilité.
Prenons le cas de la Hollande,
"le plus grand des petits États ou le plus petit des grands États".
La Hollande représente 5% de la puissance économique de l'UE
(contre 25% pour l'Allemagne et 18% pour la France). Quelle serait son
influence dans une diplomatie purement européenne? environ 5% c'est-à-dire
peu. D'où son intérêt à maintenir l'OTAN qui
a, selon la formule de Nicole Gnesotto (chargée de mission à
l'Institut français des relations internationales), un pouvoir égalisateur
qui atténue les différences de puissance entre les États
européens.
De fait depuis le début des années 50, l'Otan ajoutait à sa mission militaire classique un rôle politique tout aussi essentiel, centré d'abord sur l'intégration et le contrôle de la nouvelle République fédérale d'Allemagne, élargi ensuite au maintien de la stabilité politique dans l'Europe de l'après-guerre et à la préservation d'un relatif équilibre entre les puissances ouest-européennes. (...)C'est cette même mission, en revanche, que de nombreux autres partenaires européens de l'Alliance appréciaient pour de multiples raisons: le rôle de l'Amérique comme «grand égalisateur» des puissances européennes rassuraient en effet les Allemands contre eux-mêmes, les autres contre les Allemands, les pays de taille moyenne contre le fantasme d'un directoire des Grands, et beaucoup contre le spectre d'une Europe politique dominée par la France ou le couple franco allemand.
Nicole Gnesotto in La Puissance et l'Europe
(Presses de Sciences-Po 1998 pp.65-66)
Même
les européistes les plus obtus reconnaissent à mi-voix que
les pays européens ne partagent pas la volonté de la France
d'organiser une diplomatie et une défense auxquelles ne participeraient
pas les États-Unis. Si une telle Europe politique devait exister,
elle ne serait au plan mondial qu'un relais des États-Unis, du fait
de la pression des 14 autres États européens, et marginaliserait
les velléités françaises d'indépendance.
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Les européistes prétendent que la diplomatie ne peut qu'être commune car, les intérêts des pays membres en matière de défense seraient identiques et selon les termes de Karl Lamers (responsable du groupe CDU-CSU au Bundestag) tout désir d'une diplomatie indépendante nationale serait une forme de nationalisme. C'est tout simplement faux.
Les
intérêts diplomatiques
des
pays européens sont distincts
La
situation en Turquie ou en Albanie concerne au premier plan la Grèce.
En quoi concerne-t-elle l'Irlande ou la Suède? La guerre civile
en Algérie a des répercussions en France, pas en Angleterre
ni en Autriche. Les difficultés des ex-pays de l'Est et de la Russie
affectent l'Allemagne et la Finlande, pas l'Espagne ni le Portugal. On
pourrait multiplier à l'infini ce type d'exemples: il suffit de
regarder une carte de l'Europe pour comprendre que les intérêts
géopolitiques des États qui la composent sont divergents
et que, par conséquent, une politique étrangère ne
peut exister sauf à être condamnée à l'inaction.
Les
européistes caquettent que si l'Europe diplomatique et militaire
avait existé, elle serait intervenue à temps pour prévenir
les guerres en Yougoslavie. Mais pour défendre quelle politique?
La position française et anglaise qui souhaitait le maintien de
l'État yougoslave ou la position allemande qui souhaitait l'éclatement
de la Yougoslavie? Comment l'Europe aurait-elle pu concilier ces deux politiques,
sinon en décidant courageusement de ne rien faire?
La
seule préoccupation commune des Européens était la
menace soviétique: elle a disparu, et avec elle l'utilité
de diplomatie et de défense communes.
Quelle politique face au reste du monde?
La
plupart des pays européens se désintéressent du reste
du monde, sauf la France et dans une moindre mesure la Grande-Bretagne
qui souhaite maintenir son influence sur les pays du Commonwealth.
On
se demande quelle pourrait bien être la politique européenne
au proche Orient. Le désintérêt de la plupart, le passé
allemand qui condamne ce pays à la plus parfaite neutralité
dès qu'il est question d'Israël, font penser que cette politique
serait l'inaction.
Quelle
serait la politique européenne à l'égard de l'Irak?
L'alignement servile sur les États-Unis, comme le préconisent
l'Angleterre et la Hollande? La diplomatie en priorité comme le
préféreraient la France et, à un degré moindre,
les pays de l'Europe du sud, soucieux d'atténuer l'hostilité
anti-occidentale de l'autre rive de la Méditerranée? Le désinterêt
que manifestent les autres? Visiblement, devant tant de positions divergentes,
on a du mal à imaginer quelle serait la diplomatie européenne;
en fait il y aurait deux possibilités: ou la diplomatie est votée
à l'unanimité des quinze, et dans ce cas le seul terrain
d'entente serait la passivité; ou la diplomatie est votée
à la majorité, et dans ce cas la France devrait se soumettre
au suivisme pro-américain que décideraient les autres pays
européens. Dans les deux cas, l'Europe politique n'est pas le prétendu
multiplicateur de puissance pour la France mais au contraire une entrave
à l'exercice de la diplomatie française.
Que
ce soit en Irak, au proche Orient, ou ailleurs, la diplomatie européenne
devrait surmonter tellement de points de vue et d'intérêts
divergents ou contradictoires qu'elle se condamnerait le plus souvent à
la paralysie ou l'inaction.
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