ACTUALITÉ
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Quelques commentaires, sérieux ou frivoles,
sur l'actualité européenne


La France condamnée pour torture (31 juillet 99)
Faut-il vraiment parler de la condamnation de la France par la cour européenne des droits de l'homme? 
Cette condamnation en elle-même est un non-événement absolu. Un communiqué de Greenpeace ou un éditorial du JDD méritent plus de considération. 
De quoi s'agit-il? D'un trafiquant de drogue néerlando-marocain qui aurait été maltraité par des policiers, et dont la plainte contre la police n'aurait pas été jugée avec la diligence nécessaire. Si bien que la France a été condamnée pour torture à verser 500.000 F à la victime. 
L'affaire semble grave et les «unes» de la presse telles que "la France condamnée par la justice européenne" qu'on a pu lire ici et là aurait de quoi nous faire bondir. À ceci près que, une fois de plus, la presse a tout mélangé, par bêtise ou par idéologie. Car il y a Europe, Europe et Europe.

 
  • La première Europe, la seule véritable, est la réalité géographique que constitue le continent européen et l'ensemble des nations qui la composent: cette Europe n'a évidemment pas de justice, puisque qu'elle n'a pas d'existence légale.

     
  • La deuxième «Europe» usurpe le nom de l'Europe. C'est elle la plus nuisible et elle qui nous préoccupe dans ce site: l'Union européenne. Cette prétendue «Europe» dispose d'une «cour de justice des communautés européennes» sise à Luxembourg. Le rôle de cette cour est d'organiser la fédéralisation de l'Europe: elle rend des jugements (dont la valeur est supérieure à celle des constitutions) dans les litiges opposant la commission de Bruxelles aux États. Plus concrètement, il s'agit pour elle de donner systématiquement raison aux directives de Bruxelles face aux législations nationales. Ce n'est pas elle qui a condamné la France pour torture.

  • Enfin, il y a la troisième «Europe»: le Conseil de l'Europe (à ne pas confondre avec le Conseil européen qui est la réunion des 15 chefs d'États ou de gouvernements de l'Union européenne!). Le Conseil de l'Europe siège à Strasbourg et rassemble la quasi totalité des États européens et la Turquie, soit 41 membres. En quoi consiste son activité? Difficile à dire... Le Conseil ressemble un peu au Conseil économique et social en France. Son ambitieuse raison d'être n'a d'égale que sa parfaite absence de pouvoir. De cette institution totalement inutile, dépend la «cour européenne des droits de l'homme» qui vient de «condamner» la France.

Que risque la France si elle ne respecte pas la condamnation de la cour de Strasbourg? Rien sinon le risque purement théorique d'être exclue du Conseil de l'Europe. Rien à voir avec les jugements que rend la cour de Luxembourg qui eux doivent être exécutés sous peine d'amende pouvant aller jusqu'à 0,5% du PIB d'un pays et de suspension de ses droits de vote à Bruxelles. 
On le voit, cette condamnation n'a été importante que par la place démesurée que la presse parisienne lui a accordée. Car bien entendu le Monde et Libération se sont précipités dessus et ont tous deux consacré leur une (29/7 avec en prime un éditorial le lendemain pour le Monde). Les «droits de l'homme», l'Europe, la France condamnée, il y avait certes de quoi les émoustiller. Et il n'ont pas ménagé leur peine pour manifester leur satisfaction, feignant d'oublier le caractère essentiellement consultatif du Conseil de l'Europe. 
Logiquement, une affaire qui a paru si grave à nos braves européistes parisiens aurait dû fait les gros titres de la presse étrangère. Il n'en a rien été: quelques articulets ici ou là. Cette affaire de trafiquant «torturé» y a été considéré pour ce qu'elle est: un pétard mouillé. Au grand désespoir de Libération qui se désole (30/7/99) que dans "El Pais, le sujet est traité sur le mode mineur" qu'en "Italie seuls les quotidiens La Repubblica et La Stampa en parlent brièvement", qu'en "Allemagne, un seul quotidien évoque la condamnation de la France, la Frankfurter Allgemeine Zeitung" et que même dans la presse anglaise, pourtant si friande d'articles francophobes, il n'y a "pas une ligne dans les journaux populaires comme le Sun, le Daily Mirror, le Daily Mail ou l'Evening Standard. Même les quotidiens plus sérieux n'ont pas jugé utile de consacrer plusieurs colonnes à l'événement." 
La grande affaire du Monde, de la télé et de Libération a fait un fiasco total à l'étranger. 
Il est vrai que quand il s'agit de dénigrer la France par des critiques infondées dans des articles qui ne révèlent que la sottise de ses rédacteurs, rien ne vaut la presse française...

 

Chirac, de Gaulle et l'OTAN (30 juillet 99) 
Lors de la guerre contre la Yougoslavie, alors qu'il était évident que tout dans cette opération était américain, depuis son inspiratrice, Madeleine Albright, jusque à son exécution par l'aviation US, les gouvernements européens rivalisèrent d'hypocrisie et multiplièrent les conférences de presse pour tenter d'effacer la fâcheuse impression qu'ils donnaient de n'être que les exécutants serviles des Américains. 
Blair était tellement exalté, qu'à l'entendre, un téléspectateur distrait aurait pu croire que cette guerre était une guerre dirigée par l'Angleterre, avec certes un léger soutien technique américain. Chirac quand à lui, tenta de faire croire que la France avait été associée au choix de toutes cibles, à l'élaboration des opérations, etc... 
Comme toujours, la presse relaya la parole officielle des gouvernements européens: non, cette guerre n'était pas américaine, elle avait été décidée par l'Europe. Non, cette guerre ne prouvait pas la servilité des Européens, cette guerre montrait la nécessité d'une armée européenne, etc... Bref, l'éternelle vulgate européiste. 
En pleine guerre, lors de l'anniversaire de l'OTAN à Washington, après le rituel acte d'allégeance des Européens, les participants unanimes affirmèrent la nécessité de créer un «pilier européen» de l'OTAN, qui accorderait davantage d'importance aux Européens. 
Désormais c'était clair: les Européens allaient prendre leurs responsabilités, s'affirmer dans le monde et on allait voir ce qu'on allait voir!. 
Las! Ces belles résolutions n'ont duré que ce que durent les roses: quelques mois. 
On apprit le 29 juillet que le commandant en chef des armées de l'OTAN, Wesley Clark (le «saceur» en jargon de l'OTAN) a été brutalement écarté et immédiatement remplacé par un autre général américain. A-t-on consulté les pays européens sur le choix du nouveau commandant en chef? Évidemment non. Même le journal qui défendit avec le plus d'ardeur la «guerre juste» contre la Serbie et la nécessité d'«européaniser» l'OTAN s'en étonne: "Certes, il est de tradition que le Saceur soit américain, mais cette tradition veut également qu'on y mette les formes, que le Comité militaire de l'Alliance et son secrétaire général en soient informés, sinon consultés. Cela n'a pas été le cas cette fois." (Le Monde 31/7/99) 
Sans commentaire... 

Chirac et son inspirateur (défense de ricaner!)

Un remplacement brutal du patron de l'OTAN eut lieu également en 1962. Peyrefitte raconte qu'au conseil des ministres le 25 juillet 1962 (C'était de Gaulle T1.pp.290-291):

Messmer annonce un changement de commandement à la tête de l'OTAN: «le général  Norstadt s'en va à la demande de Kennedy. Le général Lemnitzer doit le remplacer.De Gaulle - J'ai demandé à voir Lemnitzer et à en parler ici, en Conseil des ministres. Il y a une question de forme et une question de fond. «Il n'est pas admissible que les Américains disent: "Ce sera Untel". Nous, Français, avons dit: "Nous ne le nommerons pas tant que nous ne l'aurons pas vu et que notre gouvernement n'en aura pas délibéré." Je l'ai donc vu. C'est un brave homme. Il ne fera pas d'histoire, ni à son gouvernement, ni à aucun autre.»

Les passages suivants relatent la discussion que de Gaulle eut avec Lemnitzer. Celui-ci reconnaît qu'il n'est pas certain que les Américains défendront l'Europe au moyen de l'arme atomique, en cas d'invasion soviétique, et il admet, dans ces conditions, le bien fondé de la force de dissuasion française, en contradiction totale avec la Maison blanche qui s'opposait constamment à la bombe française. L'entretien n'a donc pas été une formalité destinée à apaiser la susceptibilité française, mais au contraire, la volonté de de Gaulle de vérifier que le général pressenti pour diriger l'OTAN était acceptable pour la France. 
Trente-sept ans nous séparent de ces temps lointains. Imagine-t-on qu'une scène pareille puisse se passer aujourd'hui? La réponse est dans la question! Quel était le but de notre rappel historique? Montrer que Chirac ressemble plus à Albert Lebrun (le président en juin 40) qu'à de Gaulle? Exactement! 
Nul doute qu'une découverte aussi originale va rendre les auteurs de ce site riches et célèbres...

 


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