|
|
|
TVA:
ce qu'Allemagne veut, l'Union européenne le veut (septembre
1999)
«Les débats
d'idées sont morts». «Il n'y a pas de réelle
différence entre le PS et le RPR/UDF». «En huit ans,
les six premiers ministres qui se sont succédé n'ont été
que des anesthésistes (Jospin, Balladur, Bérégovoy†,
Rocard†? ) ou des
autistes (Juppé, Cresson) qui ont pratiqué la même
politique» On entend fréquemment ce genre de récriminations
plaintives. Pourtant rien n'est moins vrai!
Ceux qui profèrent
ces inepties manquent de la hauteur de vue qui seule permet de prendre
la mesure du débat d'idées fracassant. Non, entre le PS et
la droite, les différences ne se sont pas estompées: la liste
des affrontements idéologiques est impressionnante: depuis l'instauration
du délit de «très grande vitesse», jusqu'au PACS,
en passant par la pension de réversion des veuves de marins-pêcheurs
qui avait été le moment fort du passionnant débat
Chirac-Jospin en 1995.
Le gouvernement vient d'apporter
une preuve que les idéologies ne sont pas mortes: depuis le 15 septembre
99, la TVA sur la plomberie a été ramenée de 20,6%
à 5,5%, alors que le gouvernement Juppé l'avait relevée
de 18,6% à 20,6%. Ce n'est pas tant ce gage supplémentaire
de la hardiesse réformatrice du gouvernement qui nous importe, mais
plutôt la manière dont elle a été obtenue: avant
de prendre cette décision considérable, le gouvernement a
dû attendre l'aval de la commission de Bruxelles. Celle ci, dans
sa grande mansuétude, y a consenti.
Plus sérieusement
et pour revenir à notre boutique, ce non-événement
est révélateur de deux aspects de l'Union européenne:
d'une part son caractère idéologique, d'autre part sa direction
de fait par l'Allemagne.
Le caractère idéologique
de la construction européenne
Pourquoi donc le taux de
TVA relève-t-il donc de Bruxelles? La raison avancée est
que, dans un marché commun, si chaque État était libre
de fixer ses taux, il y aurait nous dit on, des distorsions de concurrence.
Bien entendu c'est une absurdité:
d'autres marchés communs existent sans uniformisation de la TVA.
Ainsi, chaque État américain fixe librement son taux de TVA:
la Californie a une sale tax de 8,25%, d'autres États américains
n'en ont pas. De la même façon au Canada, les taux ne sont
pas les mêmes au Québec et dans l'Ontario.
En outre, la prétendue
crainte de concurrence déloyale entre les États de l'UE est
ridicule: les excellences de Bruxelles s'imaginent sans doute que pour
réparer un tuyau qui fuit, des Français pourraient être
tentés de faire appel aux services d'un plombier établi à
Madrid ou à Athènes, parce que la TVA y est moins élevée
qu'ici...
Ainsi, les États
membres de l'Union européenne ont, dans certains domaines essentiels
comme celui de la fiscalité, moins de liberté d'agir que
n'en ont les États fédérés qui composent le
Canada ou les États-Unis. Les européistes ont bien raison
de se récrier quand on les accuse de construire une Europe s'inspirant
du prétendu modèle américain: plus qu'un État
fédéral européen, c'est un État centralisé
qu'ils bâtissent sans l'admettre.
Ce qu'Allemagne veut,
l'Union européenne le veut
Cette affaire de TVA met
à jour également la manière dont les décisions
se prennent à Bruxelles. La volonté de baisser la TVA sur
les services à domicile était relativement ancienne en France:
"lors
du conseil européen pour l'emploi, demandé par la France,
en novembre 1997, la commission envisage d'autoriser les États membres
à appliquer le taux réduit de la TVA sur les services à
forte densité de main d'oeuvre. Pendant presque un an, rien ne se
passe" (Le Monde 16/9/99)
Pourquoi? La réponse vient quelques passages plus loin. (Bien
entendu l'aimable journal n'établit pas un lien de cause à
effet) "Hans Eichel, le nouveau ministre allemand des finances, qui
a remplacé Oskar Lafontaine au pied levé le 11 mars, s'oppose
à des baisses ciblées de TVA". L'Allemagne refuse, il
n'est donc pas question de baisser la TVA. Pourtant, un an et demi plus
tard, l'Allemagne change d'avis: "Le 21 juillet, lors d'une rencontre
officieuse dans le petit village bucolique de Waldeck (Hesse), M.Strauss-Kahn
et M.Eichel se mettent d'accord. Les Allemands ne s'opposeront pas à
une baisse de la TVA sur les travaux d'entretien". Ach! les petits
villages bucoliques! Rien de tel qu'un décor champêtre pour
galvaniser l'amitié franco-allemande! Montoire, petit village bucolique
du Loir-et-Cher, n'avait-t-il pas ouvert la voie? L'indulgence allemande
a toutefois des limites: "le Portugal souhaitait que les hôtels
et restaurants figurent sur la liste [des services
concernés par la baisse], mais les Allemands,
craignant que la profession fasse pression pour passer au taux réduit,
y étaient farouchement hostiles. A Turku, le ministre portugais
a encore raidi sa position menaçant de tout bloquer. «Quelques
coups de téléphone ont été nécessaires
pour éviter cette prise en otage de l'ensemble du paquet»,
a expliqué M.Strauss-Kahn. Finalement, les Portugais ont accepté
l'accord sur la directive, mais ont obtenu que le Conseil reprenne le dossier
le 8 octobre pour tenter de trouver un compromis sur ce point." (Le
Monde 14/9/99)
En conclusion, les baisses
«ciblées» de TVA ont été accordées
par l'Union européenne uniquement quand l'Allemagne y a consenti
et sur les seuls domaines que l'Allemagne a acceptés: la routine
de la construction européenne...
Les
lobbies européistes: ces institutions remarquables (septembre
1999)
|
||
Site du German Marshall Fund |
||
Par ailleurs,
les esprits soupçonneux penseront peut-être également
que le Monde veut rester discret sur un très généreux
mécène de la presse: une page du German Marshall Fund
(GMF) n'est pas du tout farouche sur les activités de l'honorable
institution et fait même tinter la monnaie. Il y est détaillé
la procédure à suivre pour recevoir une subvention du GMF
(Nous allons nous porter candidats: notre site ne défend-il pas
l'amitié avec l'Allemagne et les États-Unis?). On y découvre
les capacités financières du GMF: 245 millions de marks (800
MF approx.) de dotation alloués par l'Allemagne en 1972 et en 1986.
Les revenus que lui procure cette somme permettent au GMF d'alimenter "un
budget de subventions d'environ 7,5 M.$. Chaque année presque 1,5
M.$ est dépensé pour des bourses administrées par
le Fonds. Le reste est alloué au financement des programmes suivants".
Parmi ces programmes, le GMF finance depuis 1997 en France en Allemagne
et aux USA des actions visant à "encourager un dialogue
averti parmi les politiciens, les hauts-fonctionnaires, les journalistes,
les universitaires et les personnes d'influence". La manière
dont sont prodigués ces encouragements est laissée à
l'imagination des lecteurs...
|
||
|
||
De Gaulle avait vu juste: on peut consulter sur le site du GMF (document au format PDF à télécharger) le rapport d'activité de l'institution. On y découvre la liste des journalistes français qui ont été invités en 1998 à faire un voyage d'étude de 4 à 6 semaines tout frais payés aux États-Unis. Cette année, il s'agissait de:
Et alors? Il n'y a rien d'illégal à cela! Aucune loi n'interdit à des journalistes de recevoir de l'argent d'une fondation américaine financée par l'Allemagne! Il faut vraiment être passéiste et vieux jeu pour s'étonner de cette pratique et pour considérer que les voyages d'étude des journalistes devraient, pour préserver leur indépendance, être financés par leurs employeurs plutôt que par des institutions étrangères! |
||
Le GMF
n'est pas la seule institution à travailler à l'amitié
entre les peuples européens. Pour se faire une idée sur leur
moralité exemplaire de ces oeuvres de paix, on se rapportera au
cas d'un dénommé Dieter Holzer dont les exploits sont décrits
par la presse (Le Monde 22/09/99)
|
Rechute
de l'euro (septembre 1999)
|
|
Quelles
explications vont-ils aujourd'hui nous servir? Il y en aurait deux: d'une
part la bonne santé du Japon et d'autre part des nouvelles inquiétantes
venant d'Allemagne. Ainsi "la monnaie japonaise bénéficie
des signes de reprise économique" si bien que les investisseurs
internationaux "choisissent de placer leurs capitaux sur la place financière
japonaise", faisant ainsi mécaniquement monter le yen par rapport
à l'euro, et, c'est là le plus beau, provoquant "indirectement
sur la parité dollar euro". En Allemagne, en revanche, la situation
est moins florissante:
"alors que la coalition au pouvoir de Gerhard
Schröder accumule les revers électoraux, l'Allemagne a enregistré
une croissance zéro au deuxième trimestre . Les difficultés
allemandes inquiètent les milieux financiers et les incitent à
se détourner de l'euro", nous explique-t-on doctement.
|
source: finance.yahoo.com |
C'est
au printemps et non en septembre que les investisseurs ont
retrouvé le chemin de Tokyo.
|
|
||
|
||
|
||
|
||
|